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Une marche pacifique pour protester contre le meurtre d'un journaliste

Plusieurs milliers de personnes ont envahi les rues de Banjul mercredi pour une manifestation pacifique contre le meurtre d'un des plus éminents journalistes gambiens.

Près de 300 journalistes - pratiquement toute la presse de ce petit pays d'Afrique de l'Ouest - ont marché dans les rues pour protester contre l'assassinat la semaine dernière de Deyda Hydara, le rédacteur en chef du journal The Point et ardent défenseur de la liberté de la presse en Gambie.

Les milliers de manifestants massés tout au long du parcours de la marche ont apporté leur soutien aux journalistes en lançant des slogans d'encouragement, la police ayant interdit aux non-journalistes de se joindre au groupe de marcheurs.

Rédacteur en chef du journal The Point, Hydara, a été atteint de trois balles à la tête après que deux individus aient ouvert le feu sur sa voiture dans la nuit du 16 décembre. Hydara est mort sur le coup et les deux passagères qui se trouvaient dans la voiture ont été grièvement blessées.

La police gambienne a fait savoir samedi qu'elles ne négligeaient aucune piste, bien qu'elle ne disposait pour l'instant d'aucun "indice."

"Nous avons appelé à une marche aujourd'hui pour protester contre le meurtre de notre collègue Deyda Hydara et sommes heureux que cette marche de déroule pacifiquement", a indiqué à IRIN Demba Jawo, le responsable du syndicat des journalistes gambiens.

Dans les rues de Banjul, un important dispositif policier et militaire encadrait le cortège des marcheurs qui portaient des T-shirts à l'effigie du journaliste assassiné et brandissaient des pancartes avec sa photo.

Sur une de ces pancartes on pouvait lire "Freedom of the press is a basic right," - La liberté de la presse est un droit essentiel - et sur une autre "Who killed Deyda?" - Qui a tué Deyda ?

Les marcheurs ont porté des lettres au quartier général de la police et au ministère de l'Intérieur. Interrogé sur le contenu de ces courriers, Jawo a indiqué : "Nous exigeons que les forces de l'ordre prennent toutes les dispositions pour que cessent ces actes brutaux contre les journalistes auxquels nous assistons depuis bien longtemps et qui ont fini par occasionner la mort de l'un de nos confrères."

Le gouvernement a condamné le meurtre de Hydara et exigé qu'on retrouve les coupables.

Des groupes de défense des droits de l'homme et l'association Reporters sans frontières ont accusé à plusieurs reprises le président Yahya Jammeh de tentative d'intimidation des media et d'atteinte à la liberté de la presse. En privé, de nombreux journalistes pensent que des assassins à la solde des autorités gambiennes sont peut-être responsables de ce meurtre.

Basé à New York, le comité pour la protection des journalistes a indiqué, dans une lettre ouverte adressée au président Jammeh, que la mort de Hydara et les récentes dispositions durcissant les nouvelles lois sur la presse "sont à l'origine des violentes attaques dont font l'objet les journalistes indépendants et les organes de presse en Gambie."

En avril dernier, des inconnus avaient incendié pour la deuxième fois en six mois les machines à imprimer d'un autre journal très critique, The Independent. Personne n'a été arrêté pour cet incendie, ainsi que pour la précédente tentative en octobre 2003.

Agé de 58 ans, Hydara avait publié dans The Point des articles virulents à l'encontre des nouvelles lois sur la presse votées la semaine dernière par le parlement.

Une des lois fait de tous les délits de presse et de la diffamation des infractions passibles de six mois d'emprisonnement pour une première fois et trois ans d'emprisonnement en cas de récidive.

Une autre loi prévoit de multiplier par cinq le montant de la licence d'exploitation que doivent verser les propriétaires de journaux de journaux et de stations de radio. Les propriétaires de journaux doivent désormais payer une caution de 500 000 dalasis (17 000 de dollars américains) et mettre en gage leur maison.

Léonard Vincent, le responsable Afrique de l'association française Reporters sans frontières (RSF), a indiqué que Hydara était l'instigateur de la lettre adressée par RSF au président Jammeh dans laquelle l'association l'exhortait à ne pas signer les deux projets de loi.

Hydara a été assassiné le lendemain du jour où le courrier de RSF a été livré au chef de l'Etat gambien, un ancien lieutenant de l'armée arrivé au pouvoir à la faveur du coup d'Etat de 1994.

En dehors de ses fonctions de rédacteur en chef du journal The Point, Hydara était aussi le correspondant en Gambie de l'Agence France Presse (AFP) et représentant de RSF à Banjul.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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