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Les ONG et les pouvoirs publics dénoncent les meurtres de personnes suspectées d'être sorciers

Des défenseurs des droits de l'Homme et les pouvoirs publics en République du Congo dénoncent les exécutions sommaires, dans certaines localités, de présumés sorciers à la suite de consultations fétichistes.

"Le plus souvent, lorsqu'une famille a vécu le décès de l'un de ses membres, une délégation est aussitôt formée pour aller consulter un voyant en vue de connaître le nom du malfaiteur, c'est-à-dire de l'auteur de ce décès. Une fois celui-ci identifié, l'infortuné est immédiatement livré à la clameur publique qui lui donne la mort. Ces victimes sont souvent de vieilles personnes, ou parfois des jeunes très entreprenants qui font des envieux. On ne compte plus le nombre de familles qui se sont disloquées à cause de ce phénomène," a expliqué vendredi à l'IRIN Jean-Marie Ibara, le représentant de l'Observatoire congolais des droits de l'Homme (OCDH) à Owando, le chef-lieu du département de la Cuvette au centre nord du pays.

"Depuis quelques années déjà, nous ne cessons de dénoncer ces pratiques d'un autre âge qui constituent de graves atteintes aux droits de l'Homme. Mais, les autorités n'arrivent pas à trouver des solutions pour empêcher des jeunes, pour la plupart, d'ôter allègrement la vie aux autres," a déploré Alain Oyandzi, le chef d'antenne de l'OCDH à Ouesso dans le département de la Sangha (au nord), joint par téléphone par l'IRIN.

La justice essaie néanmoins de faire son travail pour endiguer le phénomène. Elle se heurte toutefois au problème du manque de preuves matérielles pour démontrer les questions de sorcellerie.

"Les fameux féticheurs se dérobent à l'idée de témoigner et de confondre le présumé sorcier. Il y a, par ailleurs, le problème de l'indépendance de la justice. Quand vous êtes en face de ces cas, il n'est pas rare qu'un haut fonctionnaire civil ou militaire intervienne en faveur d'un assassin. De nombreuses personnes sont superstitieuses dans le pays et nombreux sont les cadres qui commanditent même depuis Brazzaville [la capitale] ces assassinats crapuleux," a déclaré Michel Miambi, le président du tribunal d'instance de Ouesso et membre du Conseil supérieur de la magistrature.

Ainsi, lorsque survient un décès en République du Congo, les parents considèrent que les véritables raisons de la mort sont à chercher dans l'entourage du défunt, malgré un diagnostic médical expliquant les causes du décès.

Gatsono Yoka Iccoulah, le préfet du département de la Cuvette, confirmait pour sa part qu'une grande partie des Congolais ne croyait pas en la mort naturelle. Cette croyance explique la généralisation des assassinats de personnes suspectées d'être des sorciers.

"De 1999 au 31 août 2003, 87 cas d'assassinats sur fond de sorcellerie ont été enregistrés dont 13 à Owando, 8 à Oyo, 9 à Boundji, 7 à Tchikapika, 3 à Ngoko, 4 à Loukoléla, 11 à Mossaka, 5 à Makoua et 22 à Ntokou [des villes de la Cuvette]," a déclaré Iccoulah.

Le phénomène a également pris de l'ampleur dans le département des Plateaux (centre du pays). Le week-end dernier, à Ongogni, Pierre Ngolo, le premier secrétaire de l'assemblée nationale, a sévèrement mis en garde les jeunes de la ville et des villages environnants soupçonnés de commettre de tels assassinats.

Dans ces villages, "le moindre soupçon suffit à donner gratuitement la mort de la façon la plus barbare," a déclaré Ngolo en souhaitant l'application du droit et de la justice.

Abordant cette question, le 27 juillet dernier lors de la conférence des préfets, le ministre de l'administration du territoire et de la décentralisation, François Ibovi, a rappelé aux préfets qu'en leur qualité de représentants de l'Etat, ils n'avaient aucun droit d'apporter une quelconque caution morale à ces charlatans et à ces criminels.

"Vous disposez de la force publique et de la justice pour prévenir les crimes et réprimer les coupables," a-t-il déclaré.

Un enseignant en sociologie, Pierre Tchimanga Maméta, estime quant à lui que les services judiciaires devraient être dotés de moyens de travail adéquats pour traiter les questions liées à la sorcellerie car "il faut reconnaître qu'autant ces actes de banditisme sont condamnables, autant il ne faut pas nier l'existence de la sorcellerie. Ces malfaiteurs ne doivent pas continuer à opérer en toute impunité."


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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