En Afrique subsaharienne, les cas de cancer du col de l’utérus sont de plus en plus nombreux, et chez 80 pour cent des femmes atteintes, la maladie est diagnostiquée trop tard pour enrayer sa progression mortelle, un constat qui a amené l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à recommander le lancement de programmes de dépistage et de vaccination dans l’ensemble de la région.
« L’OMS va plaider fermement auprès des bailleurs et des décideurs pour que le cancer du col de l’utérus soit inscrit parmi les priorités de santé publique […] en effet, il existe un vaccin qui nous permet de sauver des vies en prévenant le cancer du col de l’utérus », a indiqué Jean-Gabriel Wango, directeur de la santé des familles à l’OMS, à Ouagadougou.
Ce vaccin permettra de lutter contre le Papillomavirus humain (HPV), qui, s’il n’est pas traité, peut se développer et causer un cancer du col de l’utérus.
Un tueur silencieux
« Peu d’investissements sont consacrés à cette maladie et nombre de nos femmes ne savent pas qu’elle existe […] et elles meurent en silence », selon Sita Kaboré, présidente de Kimi, une association qui mène des campagnes de dépistage du cancer du col au Burkina Faso.
Selon David Kerr, cancérologue à l’université britannique d’Oxford, d’ici à l’an 2020, 70 pour cent des 15 millions de nouveaux cas de cancer diagnostiqués chaque année seront contractés dans les pays en voie de développement.
Le cancer du col de l’utérus est la tumeur la plus courante chez les femmes africaines, selon l’OMS. En Ouganda, 80 pour cent des femmes atteintes de cancer souffrent d’un cancer du col de l’utérus, d’après Dan Murokora, gynécologue ougandais.
Mais la mauvaise tenue des registres médicaux a sapé les efforts déployés par les autorités publiques en vue de déterminer le taux de morbidité lié à la maladie ; l’OMS conseille aux gouvernements de se focaliser sur la tenue des registres pour élaborer leurs plans de prévention.
Dépistage
Le cancer du col de l’utérus est une maladie en grande partie évitable, mais les femmes doivent être dépistées tous les trois à cinq ans pour enrayer cette maladie mortelle, selon Charlemagne Ouédraogo, un gynécologue de Ouagadougou.
Mais en Afrique subsaharienne, une région qui manque d’équipement diagnostique et de programmes nationaux de prévention, seules cinq pour cent des femmes sont régulièrement soumises à un dépistage du cancer du col, selon Boureima Hama Sambo, de l’OMS ; c’est pourquoi, dans la plupart des cas, la maladie est décelée à un stade avancé, où elle est alors difficile à soigner.
L’OMS exhorte les ministères de la Santé à assurer que le vaccin contre le HPV soit mis à la disposition de toutes les fillettes de 10 à 13 ans dans le cadre des plans d’action sanitaires nationaux, pour pouvoir prévenir la maladie.
Réduire le prix du vaccin
Toutefois, les trois doses de vaccin coûtent, au total, 300 dollars, dans une région où le salaire annuel moyen ne dépasse pas 550 dollars environ, selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
La Global Alliance for Vaccines and Immunization, sise à Genève, devrait négocier une réduction des prix avec les sociétés pharmaceutiques, tandis que les Nations Unies, le Program for Adaptation of Technologies in Health (PATH), et la Banque mondiale se sont engagés à aider à couvrir les frais de vaccination, de sorte que les patients n’auront à payer que 45 dollars pour le vaccin.
Pour certains responsables africains de la santé, cette réduction des prix est essentielle à la participation de leurs gouvernements.
« C’est une bonne idée d’intégrer le vaccin contre le HPV aux programmes, mais il reste trop cher. L’OMS et ses partenaires doivent d’abord aider les pays à acheter le vaccin », selon Caroline Leite, gynécologue capverdienne.
M. Sambo de l’OMS a écarté ces préoccupations financières. Selon lui, le vaccin devrait bientôt être mis à la disposition du grand public.
« Nous pensons qu’il y a une expression de volonté politique et nous pensons que nous serons très bientôt en mesure de déployer le vaccin chez ces populations », a-t-il conclu.
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