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Le littoral sous les eaux d’ici à 2099

Des pans entiers du littoral ouest-africain, depuis les dunes oranges de la Mauritanie jusqu’aux denses forêts tropicales du Cameroun, seront sous les eaux d’ici à la fin du siècle, une conséquence directe de l’évolution du climat, selon les experts de l’environnement.

« Le littoral [actuel] va changer totalement d’ici à la fin de ce siècle car le niveau de la mer augmente le long de la côte à raison d’environ deux centimètres par an », a indiqué Stefan Cramer, directeur de la branche nigériane de Heinrich Boll Stiftung, une organisation non-gouvernementale (ONG) allemande de défense de l’environnement.

Même dans les régions où les zones urbaines sembleront intactes, le niveau de la mer sera tout de même problématique pour les villes et les bourgades car il menacera les nappes phréatiques, d’où plusieurs millions d’habitants de la région puisent leur eau.

En raison de la salinité accrue de l’eau, celle-ci « deviendra impropre à la consommation et à l’agriculture. Et cela se traduira par une insécurité alimentaire et hydrique », a convenu George Awudi, coordinateur des programmes du lobby environnemental Friends of the Earth, au Ghana.

Les conséquences de l’élévation du niveau de la mer seront extrêmement « dramatiques » à Lagos, la capitale économique du Nigeria, qui se situe à cinq mètres à peine au-dessus du niveau de la mer, et dont certains quartiers se situent même en dessous du niveau de la mer, a déclaré M. Cramer.

L’inondation sera sans doute particulièrement grave à Lagos du fait de sa situation géographique, à l’extrémité sud du Golfe de Guinée, où de violentes tempêtes tropicales formées dans l’Atlantique sud provoquent des ondes de tempête qui peuvent atteindre trois mètres de haut, d’après M. Cramer.

La plupart des 15 millions d’habitants que compte Lagos quitteront la ville et la région du delta, dans le sud du Nigeria, qui compte plusieurs installations pétrolières, sera également submergée, selon les estimations de M. Cramer.

Selon les experts, d’autres centres urbains importants d’Afrique de l’Ouest menacent également de se trouver sous les eaux : Banjul en Gambie, Bissau en Guinée-Bissau et Nouakchott en Mauritanie. Les trois capitales sont situées au niveau de la mer ou à proximité.

A qui la faute ?

Pour les écologistes, l’érosion du littoral de la Côte de Guinée est la conséquence de la fonte progressive de la calotte glaciaire du Groenland, de 3 000 mètres d’épaisseur, située en Arctique.

Le Groenland s’étend sur une superficie trois fois supérieure à celle du Nigeria et en se déversant dans l’Atlantique, ses eaux provoquent une élévation du niveau de la mer.

« Tout cela est dû au changement climatique : les émissions de gaz à effet de serre se traduisent par un réchauffement du climat mondial et donc par la fonte de la calotte glaciaire du Groenland », a expliqué M. Cramer.

En août 2007, pour ne rien arranger à la situation en Afrique de l’Ouest, une tempête tropicale soufflant à 5 000 kilomètres au large de la côte a provoqué une déviation des courants forts qui circulent près du littoral nigérian et a détruit une barrière de sable protectrice.

La solution

Les experts de l’environnement proposent différentes solutions pour régler ce problème.

« Je pense que la meilleure façon de s’en sortir, pour le moment, est de concevoir des solutions plus simples et plus rentables, notamment pour préserver les villes et les bourgades menacées, et prévenir l’infiltration de l’eau de mer », a déclaré Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

« L’option la plus censée consisterait en une relocalisation plus en altitude, mais c’est un choix difficile, surtout pour le Nigeria, parce qu’il lui faudrait renoncer à ses centres économiques à Lagos et à ses installations pétrolières dans le delta », a dit M. Cramer.

Pour M. Awudi, de Friends of the Earth, la relocalisation est une « option inenvisageable » en raison de ses implications économiques, sociales et culturelles.

« Toutes les solutions à un problème doivent cibler la cause principale de ce problème, et dans ce cas précis, des mesures efficaces doivent être prises pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des pays industrialisés, qui sont à l’origine de l’élévation du niveau de la mer », a estimé M. Awudi.

« Les pays industrialisés devraient prendre des mesures proactives en vue de réduire leurs émissions, responsables des changements climatiques, ce qui aura des répercussions positives sur l’élévation du niveau de la mer », a-t-il recommandé.

Toutefois, selon M. Cramer, même si les pays industrialisés ne libéraient plus de gaz à effet de serre, aucun changement ne serait observé dans cette tendance à l’élévation du niveau de la mer pendant 50 à 100 ans encore.

Les experts s’exprimaient en marge d’une réunion de travail de la CCNUCC à Accra, la capitale du Ghana, où les représentants de 150 pays se sont réunis pour poursuivre les négociations préparatoires en vue d’une conférence historique sur le changement climatique, qui doit avoir lieu à Copenhague en décembre 2009, et au cours de laquelle un nouvel accord doit être signé, qui succèdera à celui de Kyoto.

aa/nr/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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