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« Nous avons peur de ne jamais revoir nos maris »

Conflits armés et banditisme sèment le chaos depuis plusieurs années dans le nord-ouest de la République centrafricaine (RCA). Pour bon nombre d’habitants de la région, notamment les communautés d’éleveurs, les criminels qui enlèvent les chefs de famille ou les enfants contre des rançons exorbitantes posent de loin la menace la plus grave : ces enlèvements obligent souvent les populations à vendre la totalité de leurs troupeaux pour assurer la libération des membres de leurs familles.

Aroun Gombo est membre de l’ethnie des Mbororos, pour qui l’élevage est depuis bien longtemps un mode de vie. Elle compte également parmi les centaines de milliers de personnes déplacées par les violences dans le nord de la RCA. Elle vit aujourd’hui dans la ville de Paoua, où elle dirige une association de femmes mbororoes.

« Nous aimerions revoir nos maris, pour celles d'entre nous dont les maris ont traversé [la frontière] pour le Cameroun, mais nous aussi, nous avons peur qu'ils ne reviennent pas, compte tenu de ce qu'ils ont vécu à travers le comportement barbare des coupeurs de route : tueries, vols de bétail, enlèvements et violences physique ».

« Nous avons aussi appris que les éleveurs qui sont partis au Cameroun ne rentreront pas : ils sont bien traités là-bas. Que vont devenir les épouses qui ne souhaitent pas quitter Paoua pour l'étranger ? Le Cameroun ne va pas nous obliger à devenir des célibataires ! La paix va revenir et nous allons nous installer dans un nouveau campement ».

« Nous avons de justesse réussi à échapper aux exactions répétées des coupeurs de route dans nos divers campements, pour nous établir à Paoua centre. Tout avait commencé par la prise en otage de nos maris et enfants. Pour les libérer, il fallait payer des rançons en vendant du bétail. Certaines épouses ont eu à payer 10 à 12 millions de francs CFA [entre 23 500 et 28 000 dollars] et cela en fonction du nombre des otages. À force de payer de grosses sommes d’argent pour la libération des parents, nous n’avons plus de bétail ».

Parfois, même après avoir reçu les rançons, les bandits tuaient les éleveurs ou leurs enfants.

« Beaucoup de femmes parmi nous sont sans mari. Pour la majorité, nous sommes des veuves ; même moi qui vous parle, je fais partie des veuves du groupement. Nous ne pouvons que remercier le DRC [Danish Refugee Council] pour son appui. Grâce à cela, nous [avons monté] de petits commerces : vente de beignets, d’huile ; pour une fois, nous pratiquons de l’agriculture, mais notre souhait à nous, c’est de redevenir éleveurs. C’est notre vocation ».

gg/am/jm/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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