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En savoir plus sur la région la plus pauvre d’Afrique de l’Ouest

Le sous-développement et les crises humanitaires dont souffre la région ouest-africaine du Sahel seront sur le devant de la scène cette semaine, au cours de laquelle Jan Egeland, conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies sur les conflits, se rendra au Burkina Faso, au Mali et au Niger pour attirer l’attention [de la communauté internationale] sur cette zone pauvre et sur les pressions sociales exercées dans cette région par le réchauffement climatique.

Où se situe le Sahel ?

Le Sahel (de l’arabe « sahel », qui signifie rivage), est une ceinture semi-aride de terres stériles, sablonneuses et jonchées de pierre, qui s’étend sur 3 860 kilomètres sur toute la largeur du continent africain et marque la séparation physique et culturelle entre la région sud du continent, plus fertile, et le désert du Sahara, au nord.

La ceinture sahélienne, d’une superficie d’un peu plus de trois millions de kilomètres carrés, couvre, en largeur, entre plusieurs centaines et mille kilomètres.

En Afrique de l’Ouest, le Sahel est également une entité géopolitique. En 1973, le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) a été créé par le Burkina Faso, le Cap Vert, le Tchad, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Sénégal pour réunir des pays qui étaient alors en train de devenir interdépendants.

Ensemble, les membres du CILSS couvrent 5,7 millions de kilomètres carrés de terres. On trouve également des terres et un climat semblables à ceux du Sahel dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, qui ne font pas partie du CILSS, particulièrement dans le nord du Togo, au Bénin, au Nigeria et au Ghana.

Qui vit au Sahel ?

Les pays du CILSS comptent à eux seuls environ 58 millions d’habitants, dont la plupart pratiquent l’agriculture de subsistance et partagent des cultures et des moyens de subsistance semblables, alors même que leurs religions, leurs langues et leurs coutumes varient énormément.

Au Sahel, selon les estimations du CILSS, plus de la moitié de la population en âge de travailler pratique l’agriculture ou en vit, et assure plus de 40 pour cent du produit intérieur brut (PIB) total de la région.

Les cultures sèches, telles que le millet, le sorgo et le haricot à œil noir, et les cultures de rente telles que l’arachide et le coton, sont les principales productions agricoles de la région.

Au Sahel, la croissance démographique est particulièrement rapide. Selon le CILSS, la région comptera 100 millions d’habitants d’ici à l’an 2020 et 200 millions d’ici à 2050, soit près de quatre fois la population actuelle.

Plus de la moitié des Sahéliens, soit 141 millions, vivront dans les trois pays visités par M. Egeland : le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

Quelles conséquences aura le changement climatique dans la région ?


Photo: OCHA/IRIN
Inondations dans le nord du Burkina Faso en 2006
Le climat sahélien va-t-il devenir plus humide ou plus sec avec le changement climatique ? Les opinions des scientifiques divergent, mais dans les deux cas, l’avenir s’annonce peu brillant.

Au Sahel, le climat oscille entre une extrême chaleur et des conditions plus tempérées, et la pluie ne tombe que quatre ou cinq mois par an, généralement entre mai et octobre, une période qui marque le début de la saison de croissance.

Le reste de l’année, le paysage se compose de roches, de plaines de buissons sablonneux, d’herbe et d’arbres chétifs.

Selon les scientifiques et les météorologues, pourtant, ces 40 dernières années ont été marquées par des écarts de plus en plus prononcés en matière de précipitations, d’une année sur l’autre, dans la région, le climat étant, certaines années, excessivement humide et d’autres années, trop sec pour permettre une production agricole suffisante.

Déterminer si les schémas climatiques du Sahel sont provoqués par le réchauffement climatique ou s’ils sont le résultat de schémas de précipitations naturels et cycliques – et surtout si, d’une manière générale, les précipitations augmentent ou diminuent – est un sujet de discorde au sein de la communauté scientifique.

Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), la plupart des modèles climatiques réalisés pour le Sahel prédisent bel et bien des conditions climatiques plus sèches à l’avenir.

Toujours d’après le PNUE, même si le climat sahélien devient au contraire plus humide, le réchauffement global de l’atmosphère provoquera l’évaporation d’un volume d’eau supérieur à celui des précipitations supplémentaires possibles pour la région, même si l’on se fie aux estimations des scientifiques les plus optimistes.

De même, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), un organe scientifique de plus de 2 000 climatologues des quatre coins du monde, chargé d’évaluer le risque de changement climatique causé par l’activité humaine, a également conclu que le Sahel ouest-africain et l’Afrique centrale connaîtraient des hausses de température parmi les plus marquées du monde au cours des prochaines décennies.

Mais les précipitations ne sont que l’une des raisons pour lesquelles le changement climatique est important au Sahel.

Dans une région qui dépend en grande partie de l’agriculture, la qualité des sols est essentielle. La détérioration des terres, causée par la déforestation, le surpâturage, la cueillette continuelle, la désertification, et l’usage et la préservation des ressources actuelles en eau sont également des point cruciaux.

Selon l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), plus de 80 pour cent des terres du Sahel ont été détériorées.

Quelles conséquences d’un point de vue humanitaire ?

Les changements, même mineurs, des conditions de croissance au Sahel ont une incidence majeure sur la nutrition et la sécurité alimentaire des populations.


Photo: Nicholas Reader/IRIN
Village du sud de la Mauritanie
Le Sahel affiche déjà des taux de malnutrition extrêmement élevés, même les années où les précipitations sont suffisantes ; dans la région, les enfants de moins de cinq ans sont les premières victimes de la faim et des maladies.

Selon certaines études, citées par le PNUE, le Tchad et le Niger risquent de perdre la totalité de leur secteur agricole pluvial d’ici à 2100, tandis qu’au Mali, les récoltes de céréales risquent de diminuer de 30 pour cent en raison de l’évolution des schémas de précipitations et de la détérioration des terres.

Mais la pluie est aussi problématique lorsqu’elle tombe que lorsqu’elle ne tombe pas. À l’heure actuelle, les précipitations annuelles sont souvent reçues sous la forme de violentes et brèves averses qui détruisent les cultures et les semences, et emportent même des villages entiers, comme ce fut le cas à travers le Sahel en 2007, mais surtout au Ghana, au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Tchad.

À l’avenir, il est probable, selon les scientifiques, que la région devienne plus sujette aux inondations.

Autre problème, d’ordre social : de plus en plus d’adultes en âge de travailler quittent les régions rurales pour s’installer dans les zones urbaines, notamment à Bamako au Mali, à Ouagadougou au Burkina Faso et à Dakar au Sénégal, une tendance qui pose de nouveaux problèmes en matière d’assainissement urbain, de sous-nutrition et de criminalité.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a également prévenu que la hausse des températures provoquerait davantage d’épidémies, notamment de fièvre dengue ou de choléra.

Le GIEC prévoit en revanche que de vastes zones du Sahel ne seront plus propices à la transmission du paludisme d’ici à 2050, un point positif pour la région.

À moyen-long terme, face à l’ampleur des problèmes climatiques annoncés au Sahel, conjugués à la croissance démographique galopante, observée dans la région, l’aide humanitaire ne permettra plus à elle seule de pourvoir aux besoins des populations touchées, notamment parce qu’il est probable que le Sahel doive lutter pour obtenir des fonds d’urgence, face à des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes, provoquées par le climat à travers l’Afrique et l’Asie.

En 2007, le Programme des Nations Unies pour le développement a sollicité les bailleurs de fonds des pays développés –qui, selon l’agence, ont concentré leurs efforts sur les projets d’atténuation du changement climatique au lieu d’aider les pays déjà touchés par ce phénomène- à hauteur de 85 milliards de dollars, destinés à financer des projets d’adaptation au climat dans les pays en voie de développement.

nr/ed/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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