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Les travailleuses du sexe zimbabwéennes inquiètent Lusaka

Le nombre grandissant de travailleuses du sexe zimbabwéennes à venir chercher du travail à Lusaka, la capitale zambienne, met à rude épreuve la patience et les relations de la Zambie avec son voisin, le Zimbabwe.

Bien qu’il n’existe aucun chiffre sur le nombre de résidents zimbabwéens à Lusaka, des estimations officieuses évaluent ce chiffre à 10 000 personnes, voire plus ; certains de ces migrants sont soupçonnés de s’adonner à des activités que le gouvernement zambien s’efforce d’endiguer.

« Nous avons eu connaissance de nombreux signalements et plaintes concernant des Zimbabwéennes qui se lancent dans le commerce illégal du sexe », a indiqué à IRIN Mulako Mbangwenta, porte-parole du service zambien de l’immigration.

« Il est clair que nous ne pouvons pas laisser une telle situation se développer sans intervenir, surtout en ces temps où la pandémie de VIH/SIDA est toujours plus présente », a-t-il poursuivi. « Certaines [Zimbabwéennes] ont des documents qui les autorisent à faire un court séjour, mais finalement, elles commencent à s’installer et à monter un commerce ou encore à se prostituer : nous ne pouvons plus, dès lors, les considérer comme de simples touristes ».

Le Zimbabwe entame sa septième année de récession économique qui a vu son taux d’inflation atteindre les 6 000 pour cent - le taux le plus élevé du monde – et son taux de chômage dépasser les 80 pour cent.

Le nombre de Zimbabwéens à avoir quitté le pays pour rejoindre les pays limitrophes, tels que le Botswana, la Zambie ou l’Afrique du Sud, certains s’exilant même jusqu’en Angleterre ou aux Etats-Unis, est estimé à trois millions.

Selon les organisations internationales, plus d’un tiers de la population zimbabwéenne, soit 4,1 millions de personnes, a besoin d’une assistance alimentaire.

Malgré l’importance économique de l’Afrique du Sud, qui fait de ce pays la destination privilégiée des migrants économiques zimbabwéens, aucun visa pour l’Afrique du Sud n’est délivré à ces candidats à l’immigration lors de leur transit en Zambie ; la plupart du temps, ils restent donc en Zambie et ce malgré l’expiration de leur visa.

« Nous sommes très préoccupés par le nombre de Zimbabwéens qui entrent en Zambie pour finalement y rester sans rien ni aucune autorisation valide. Nous devons donc d’une part les renvoyer chez eux et d’autre part, limiter l’entrée dans notre pays car nous n’avons tout simplement pas les moyens de les garder sur notre sol ; ils sont bien trop nombreux », a souligné M. Mbangwenta.

Comment survivre

La plupart des Zimbabwéennes tentent de gagner leur vie en vendant de petits articles dans les rues, en mendiant ou en travaillant dans l’industrie du sexe ; mais le gouvernement zambien ayant durci récemment sa politique sur le commerce de rue, le recours à la prostitution comme moyen de s’assurer un revenu est ainsi devenu l’unique option possible pour de nombreuses femmes.

Récemment, le service zambien de l’immigration a organisé une descente dans une maison d’hôtes dans laquelle travaillaient 51 travailleuses du sexe zimbabwéennes. Toutes ont été immédiatement reconduites à la frontière par bus. Depuis juillet 2007, les postes de frontières de la province du sud de Chirundu, Kazungula et de Kariba ont été fermées à plus de 300 Zimbabwéennes.

Marjory Kwenda, qui traversait la frontière pour vendre ses articles, s’est vue contrainte de devenir travailleuse du sexe lorsque que les autorités zambiennes ont mis en application les lois extrêmement strictes qui empêchent les commerçants de vendre leurs articles.

« Avant, je pouvais ramener des petites choses comme des bonbons, du chocolat, ou de jolis bijoux, et je pouvais les vendre facilement dans la rue. Le marché était vaste et la demande ne manquait pas. Maintenant, je dois vendre ma marchandise dans des baraques délabrées [des squats] où les gens ont peu de moyens. Il y a des jours où je ne vends absolument rien », a dit Mme Kwenda à IRIN.

« Alors j’ai dû compléter mon revenu pour pouvoir rester ici et continuer mon séjour : pendant la journée je vends mes choses dans ces baraques et le soir, je me rends dans les bars et les tavernes pour trouver un homme ou deux. Les Zambiens sont des hommes très biens car ils payent pour les services [sexuels] rapidement et ne posent aucun problème », a-t-elle dit.

A la question de savoir si elle avait conscience des dangers que représentait cette activité, Mme Kwenda a répondu : « Je demande toujours le port du préservatif, même si certains refusent et m’obligent à avoir des relations sexuelles avec eux sans préservatif. C’est un des dangers du métier, mais que peut-on y faire ? ».

Frederick Chintu, un habitant de Lusaka, a déclaré à IRIN que le commerce du sexe était rapidement devenu pour la plupart des Zimbabwéennes qui immigrent vers Lusaka ou Livingstone – la capitale touristique de la Zambie - leur principal moyen d’échapper au chômage car « dans la plupart des cas, elles occupent entièrement une maison d’hôtes et louent chacune une chambre ».

M. Chintu a indiqué à IRIN que « comme elles louent la totalité de la maison d’hôtes, elles peuvent commencer à se montrer dès la réception ; ainsi, chaque homme qui rentre peut choisir quelle fille il veut ; de plus, les prix sont la plupart du temps les mêmes ».

La plupart du temps, a-t-il ajouté, « elles ont entre 16 et 40 ans, alors c’est chacun selon ses goûts ; certains choisissent les plus jeunes et d’autres les plus âgées pour leur expérience ; mais elles sont toutes là, à l’entrée de la maison ».

Les deux pays ont un taux de séroprévalence très élevé ; au Zimbabwe, 20,1 pourcent de la population âgée entre 15 et 49 ans est infectée par le VIH, et en Zambie, le taux de séroprévalence pour la même tranche d’âge est de 17 pour cent.

Clementine Mumba, porte-parole du groupe engagé dans la prévention du VIH/SIDA Treatment and Advocacy Literacy Campaign, a indiqué à IRIN : « Le fait que de nombreuses Zimbabwéennes deviennent travailleuse du sexe aura un impact négatif sur notre pays ».

« Ces personnes ont un cruel besoin d’argent et elles sont prêtes à faire n’importe quoi pour s’en procurer, sans se demander si elles infectent ou sont infectées par le VIH », a-t-elle dit. « Certaines d’entre elles ne connaissent même pas leur statut sérologique. Tout ceci donne une très mauvaise image de notre pays ».

nm/go/he/sm/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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