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Le sexe bon marché défie les efforts de prévention

Endang Supriyati pleure en racontant son histoire, son arrivée dans une maison close tenue par une tante, son père enseveli sous les dettes qui l’a vendue alors qu’elle n’avait que 12 ans. « S’il n’avait pas été pauvre, il n’aurait jamais fait cela », explique la jeune femme, 22 ans aujourd’hui.

En Indonésie, le plus grand pays musulman du monde, la prostitution ne constitue pas une infraction et les recettes générées par l’industrie du sexe représentent entre 0,8 et 2,4 pour cent du produit intérieur brut.

Dans les quartiers de l’est de la capitale indonésienne, la pauvreté est la principale raison qui pousse les femmes comme les hommes à se prostituer. Sur les trottoirs, dans les allées ou encore dans des cabanes près de la gare de Cipinang, la passe se négocie à moins de 1,50 dollar.

Selon Mme Supriyati, désormais gestionnaire de projet au sein de l’association Yayasan Bandung Wangi, qui propose des informations sur le VIH/SIDA et des préservatifs aux professionnelles du sexe, cette situation complique les efforts de prévention.

« Le problème dans la rue est que vous devez vous battre [pour obtenir des clients] », affirme-t-elle. Négocier l’utilisation du préservatif avec un client serait non seulement mauvais pour les affaires, mais cela « suggèrerait que la professionnelle du sexe est séropositive ».

Selon les estimations de la Commission nationale de lutte contre le sida (NAC en anglais), 23 pour cent des professionnelles du sexe vivent avec le virus – elles sont, avec les consommateurs de drogues injectables et les prisonniers, les principales personnes concernées par l’épidémie de VIH/SIDA en Indonésie.

Kemal Siregar, secrétaire adjoint de la NAC, estime qu’entre 30 et 40 pour cent des professionnelles du sexe utilisent des préservatifs. Or, selon des données de surveillance recueillies pendant trois années au sein de maisons closes, 15 pour cent des femmes seulement avaient des rapports protégés – elles sont près de 98 pour cent à utiliser des préservatifs à Bangkok, la capitale thaïlandaise.

Autre chiffre inquiétant, révélé par M. Siregar: près de la moitié des hommes qui s’offrent les services de prostituées en Indonésie sont des chauffeurs routiers, des marins ou des ouvriers du port de Jakarta, une population à haut risque d’infection.

Endang Supriyati reconnaît que son association, la seule en Indonésienne à être composée d’anciennes professionnelles du sexe, a énormément de difficultés à faire passer le message de la prévention.

« En Indonésie, les gens se rendent compte qu’il est important de se protéger le jour où ils sont contaminés », dit-elle.

S’il est difficile d’encourager les professionnelles du sexe à utiliser des préservatifs, la tâche est encore moins aisée lorsqu’il s’agit de promouvoir les rapports sexuels protégés chez les prostitués masculins et transsexuels.


Photo: Obinna Anyadike/IRIN
Lutter contre la drogue, qui augmente le risque d'infection au VIH

« Selon presque tous les résultats des études, les hommes qui ont des rapports sexuels avec des professionnelles du sexe utilisent davantage de préservatifs que les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, bien que ce type de rapports comporte un risque de transmission du VIH bien plus élevé », a noté le Monitoring AIDS Pandemic Network (MAP), un groupe d’experts mondialement reconnus, dans un rapport.

Le risque est d’autant plus élevé que de nombreux toxicomanes se prostituent, ajoutant une nouvelle dimension à l’épidémie. La consommation de ‘putau’, une drogue à faible teneur en héroïne, a explosé au cours des 10 dernières années, entraînant une hausse du taux d’infection au VIH parmi cette population à risque.

Selon le responsable d’un programme gouvernemental de distribution de méthadone, 86 pour cent des anciens consommateurs de drogues injectables ayant été testé au VIH sont séropositifs.

« De nombreux parents de garçons toxicomanes les poussent à se marier afin qu’ils cessent de se droguer. Ces jeunes contaminent à leur tour leur femme et leurs enfants », déplore Nafsiah Mboi de la NAC.

L’utilisation du préservatif est au coeur du débat chez les leaders islamiques, au pouvoir.

Ainsi, pour Aelhi Laksono, responsable de programmes communautaires à la mosquée Angung Sunda Kelepa de Jakarta, « les préservatifs doivent être disponibles dans les quartiers chauds, mais ce sont aux professionnels du sexe de les acheter. Tout le monde ne doit pas avoir accès aux préservatifs, comme par exemple les étudiants ».

oa/he/ab/cd/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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