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L’urgence d’une prise en charge nutritionnelle

Si les bienfaits d’une bonne alimentation sur la santé des personnes vivant avec le VIH et le sida sont connus par les praticiens, rares sont les Camerounais qui peuvent se nourrir correctement, faute de moyens et d’informations. «Le volet nutrition n'est pas suffisamment pris en compte dans le traitement des malades du sida au Cameroun», a expliqué à PlusNews François Nkeumi, à l’origine de la création de l’Association camerounaise pour une meilleure alimentation (Ascama), à Yaoundé, la capitale. L’objectif de l’Ascama est, selon M. Nkeumi, de donner des outils aux patients et à leur famille pour qu’ils puissent faire des choix alimentaires qui soient adaptés à leur état de santé. Pour Catherine Djité, diététicienne au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Yaoundé et membre fondatrice de l'Ascama, le défi est de taille au Cameroun, un pays fortement touché par l’épidémie de sida avec un taux de séroprévalence estimé à 5,5 pour cent en 2004. Il y a «un grand problème dans les régimes alimentaires au Cameroun. La plupart des gens, qu'ils soient malades ou pas, ne mangent pas de manière équilibrée, ni variée», a affirmé Mme Djité, auteur d’un ouvrage intitulé «Sida et nutrition», paru en 2004. «Ils ne connaissent pas l'importance de tel aliment pour telle étape de la vie. C'est préoccupant, d’autant plus pour les personnes infectées par le VIH/SIDA qui ont, plus que les autres, besoin d'avoir une bonne alimentation», a-t-elle ajouté. Des études internationales ont en effet révélé que l'infection au VIH augmente les besoins en énergie des patients. Ainsi, les adultes symptomatiques auraient besoin, pour lutter contre le virus, de 20 à 30 pour cent d'énergie supplémentaire que les personnes bien portantes, selon les experts qui précisent qu’une bonne alimentation retarde l’apparition des premiers signes de la maladie. En outre, une alimentation variée et équilibrée optimiserait l’effet des médicaments antirétroviraux (ARV), qui prolongent l’espérance de vie des personnes vivant avec le virus. Ainsi, à l'issue d'une consultation organisée en Afrique du Sud en avril 2005, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a établi une liste de données et de recommandations sur le sujet et invité les Etats-membres de l’organisation «à faire en sorte que la nutrition devienne une partie intégrante de leur riposte au VIH/SIDA». Au Cameroun, peu de mesures concrètes ont pu voir le jour dans ce domaine, malgré l’engagement des autorités. Pour prouver sa bonne volonté et l’intérêt qu’il porte à cette question, l’Etat a prévu, dans son plan d’actions contre le VIH/SIDA pour la période 2006-2010, la mise en place d’une politique de prise en charge nutritionnelle des personnes vivant avec le virus, ainsi qu’un «soutien nutritionnel aux malades et à leurs familles». Des promesses qui rassurent En attendant, le gouvernement est toujours à la recherche de financements pour la réalisation de son projet de ‘Guide nutritionnel à l'usage des personnes vivant avec le VIH/SIDA’. Voeux pieux pour le moment, ces initiatives rassurent néanmoins les professionnels de la nutrition, inquiets vis-à-vis des grandes difficultés que rencontrent les patients camerounais pour se nourrir. «Les ménages ont de moins en moins les moyens d'acheter de quoi se nourrir correctement. C'est un vrai handicap [pour la prise en charge de leur infection]», a constaté Catherine Djité. «Les gens nous répondent souvent qu’ils n’ont pas les moyens d'acheter ce que l’on recommande… Mais c’est vrai ! Le pouvoir d'achat ne cesse de baisser et les prix d'augmenter : en cinq ans, le prix du haricot a plus que triplé par exemple», a-t-elle ajouté. Selon les autorités, un tiers des ménages camerounais vit en-dessous du seuil de pauvreté, soit une personne sur quatre. Or, les personnes vivant avec le VIH ont plus de difficultés que les autres à travailler, en raison de leurs faiblesses physiques, de la stigmatisation et des abus de pouvoir de certains patrons d’entreprise qui n’hésitent pas à renvoyer leurs employés dès qu’ils apprennent leur statut sérologique, selon des acteurs locaux de la lutte contre l’épidémie. Ce n’est qu’en octobre 2004 que le Cameroun a décidé de baisser de manière significative le prix des ARV qui est ainsi passé de 36 dollars à huit dollars par mois, des prix qui restent prohibitifs compte tenu du pouvoir d’achat local et des examens complémentaires exigés par les médecins. Pour éviter que les patients aient à faire un choix douloureux entre leur traitement et leur alimentation, le Programme alimentaire mondial (PAM) a décidé de développer des programmes d’appui nutritionnel aux personnes vivant avec le virus. «Grâce au transfert de revenus [obtenu grâce à l'aide alimentaire], les postes budgétaires de la famille pourront être dirigés pour les ARV quand ils sont payants ou les examens biologiques, ou encore pour maintenir les enfants à l'école en continuant à payer les frais scolaires», a précisé le PAM dans un rapport final qui a clos l’atelier régional sur le VIH/SIDA et la nutrition, organisé au Cameroun en septembre 2005. Cet atelier a, selon le PAM, notamment permis de souligner la nécessité «d'intégrer la nutrition dans le paquet minimum de soins apportés aux personnes malades du VIH/SIDA et à celles porteuses du virus». L’agence des Nations unies a précisé qu’elle étudiera en 2006 la possibilité de mener au Cameroun un programme de soutien nutritionnel des personnes infectées et affectées par le VIH/SIDA, à l’image de celui mis en place depuis 2003 en République centrafricaine.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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