La sexualité précoce des adolescentes jugée préoccupante

A Sao Tome et Principe, un petit archipel au large des côtes du Gabon, la vie sexuelle précoce des jeunes et les grossesses des adolescentes préoccupent au plus point les autorités, après plusieurs études. Presque la moitié des adolescentes et des jeunes interrogées en 2001 dans le cadre d’une étude ont ainsi déclaré avoir démarré leur vie sexuelle entre 11 et 15 ans, sans se protéger contre les infections sexuellement transmissibles, selon le Plan stratégique national de lutte contre le sida pour la période 2004-2008. Selon Helena Costa Neto, chef du programme de soins aux adolescents (PCA), le manque de loisirs et la pauvreté figurent parmi les facteurs à l’origine de ce phénomène : les jeunes sont issus de familles nombreuses, rarement en mesure de leur offrir une bonne éducation. Du coup, le PCA a enregistré 631 cas de grossesse parmi les jeunes en 2005, certaines mères ayant à peine 11 ans. Les districts de Mé-Zochi et d’Água Grande, dans le centre et le nord-ouest de l’île, les localités les plus peuplées de l’archipel, abritent le plus grand nombre de grossesses précoces, chez des jeunes filles qui ont rarement été plus loin que l’école primaire. Et, dans la plupart des cas, le garçon abandonne la jeune fille et l’enfant, selon Mme Costa Neto. C’est ce qu’a vécu Florida Cristina, enceinte à l’âge de 16 ans. Lorsqu’elle a découvert que son ami sortait avec d’autres filles, elle a cherché un moyen de «garder son homme». «J’ai voulu tomber enceinte», a-t-elle expliqué, en ajoutant avoir été consciente du risque de contamination par le VIH. Cela n’a pas empêché le futur père de la quitter, et de continuer à accumuler les conquêtes. Cristina, qui habite chez ses parents, est retournée au lycée où elle ne cesse, depuis, de mettre en garde ses amies contre les risques d’infections aux IST et au sida. «Il ne faut pas faire comme moi», leur dit-elle. « C’était une erreur, j’aurais pu attraper le sida». Le taux de séroprévalence dans cet archipel de 160 000 habitants était de deux pour cent en 2005, selon le ministère de la Santé, un taux relativement bas dans la région, où l’épidémie est en voie de généralisation avec des niveaux d’infection supérieurs à cinq pour cent. Or, «le sida représente un très grand risque», a dit Mme Costa Neto, expliquant que le dialogue entre jeunes et adultes sur les questions de sexualité était encore tabou, et qu’ainsi les jeunes, sous-informés, n’avaient pas conscience de l’importance d’utiliser des préservatifs. Plusieurs initiatives conjointes de l’Etat et des organisations non-gouvernementales abordent cette problématique. Le PCA, qui possède des centres d’écoute et d’information à travers le pays, organise régulièrement des campagnes de sensibilisation dans les zones rurales, où le niveau de connaissances sur le VIH et les IST est très bas. Un programme de télévision, appelé «Bien-être familial » et produit par l’Association sao-toméenne pour le planning familial, appuie ces campagnes en abordant, chaque semaine, des thèmes liés à la sexualité, tandis que la radio publique diffuse un programme sur le sida, produit par l’organisation médicale d’urgence Médecins du monde. Et pour tenter de toucher les plus jeunes, le ministère sao-toméen de l’Education prépare, dans le cadre de la nouvelle réforme du secteur éducatif, un programme scolaire sur la santé sexuelle et reproductive : de l’information sur la grossesse et le sida est déjà disponible dans les manuels de biologie, de portugais et de sciences sociales. «Mon livre de santé», un ouvrage édité avec l’appui du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap), fait désormais partie du programme de l’enseignement primaire et secondaire : y sont notamment abordés les voies de transmission du virus, le traitement et la prévention du VIH/SIDA.