Depuis l’arrivée de la saison des pluies, bon nombre de routes ne sont plus praticables et de larges populations sont privées d’aide. Laura Parker du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies a dit à IRIN qu’un convoi de véhicules envoyés par le PAM dans le territoire de Walikale de la province du Nord-Kivu au début du mois de septembre avait mis 11 jours pour parcourir 250 km.
Le PAM a essuyé une série de revers dans ses tentatives de venir en aide aux personnes déplacées à l’intérieur de leur pays (PDI) à Walikale.
« En février, nous avons été avertis que 86 000 nouveaux déplacés avaient besoin d’aide dans le territoire », a dit Mme Parker. « Nous avions déjà commencé à préparer nos camions, mais à cause des conditions de sécurité et des conditions climatiques, nous n’avons pas pu les acheminer avant juillet, et les récentes précipitations sont un obstacle important ».
L’agence essaye désormais de trouver d’autres solutions de transport jusqu’à Walikale. Mme Parker a indiqué que le transport aérien pourrait être une solution, mais une solution coûteuse. Le convoi de camions ira jusqu’à Kisangani, à environ 600 km à l’Ouest, et pourra ensuite ravitailler Walikale.
Manque d’aide
Les agences des Nations Unies s’inquiètent également de la présence des quelque 129 000 déplacés récemment identifiés qui ont fui les massacres dans le territoire de Masisi au cours de ces derniers mois. Le PAM prépare des opérations afin de venir en aide à ce groupe de déplacés très prochainement, a dit Mme Parker. La plupart d’entre eux se sont installés sur des « sites spontanés » à Masisi, et non pas dans les camps officiels. Certains de ces sites sont accessibles en camion depuis la capitale provinciale Goma.
Les déplacés interrogés par les journalistes d’IRIN le 15 septembre à Rubaya, à environ 50 km de Goma, ont indiqué qu’ils n’avaient pas reçu d’aide depuis leur arrivée le 23 juillet. Bon nombre d’entre eux semblaient souffrir de malnutrition et être en mauvaise santé. « Nous vivons comme des oiseaux », a dit Charles Matito, un porte-parole des PDI. « Ce sont les habitants de Rubaya qui nous aident, qui nous donnent quelques pommes de terre de temps en temps ».
Des huttes faites de bois et d’herbe étaient en construction dans un champ proche du campement principal. Certains de ces abris étaient recouverts de bâches en plastique récupérées par les PDI dans un autre camp à Katoyi, selon M. Matito. Bon nombre des PDI de Rubaya ont quitté ce camp après les attaques et les pillages menés par la milice Raïa Mutomboki en juillet.
Certains des déplacés passaient la nuit dans des salles de classe ou dans une église, mais n’avaient pas d’abri pour se protéger de la pluie le jour. Devote Nyiranziza, qui est enceinte de six mois au moins, a indiqué qu’elle avait peur d’accoucher dans ces conditions.
Le site spontané de Kibabi se trouve à environ 7 km à l’ouest de Rubaya. Le 15 septembre, Innocent Bahati, un porte-parole des PDI, a indiqué qu’ils n’avaient ni nourriture, ni abris. Les agences d’aide humanitaire étaient venues sur place, avaient distribué des coupons pour des fournitures d’urgence et construit huit latrines, mais aucune autre aide n’avait été fournie depuis, a-t-il dit.
IRIN a depuis appris que l’organisation non gouvernementale CARE a distribué des produits alimentaires à 3 900 ménages installés dans les camps de Rubaya, de Kibabi et d’un autre site à Kinigi.
Photo: Samuel Okiror/IRIN |
Des milliers de personnes ont fui les combats qui secouent l’est de la RDC (photo d’archive) |
Selon les derniers chiffres disponibles, le PAM fournit une aide alimentaire à 265 000 PDI sur une population totale d’environ 680 000 déplacés dans le Nord-Kivu. Les distributions de produits alimentaires ont été effectuées en priorité dans les 31 camps de la province qui sont officiellement reconnus par le gouvernement et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
La plupart des déplacés se trouvent à Rutshuru et Masisi, des zones densément peuplées où les mouvements de population sont fréquents. Seules deux de ces zones sont situées dans le territoire de Walikale.
Il est plus facile pour les agences d’aide humanitaire de fournir de l’aide aux personnes installées dans les camps officiels, mais bon nombre des personnes récemment déplacées se sont rassemblées sur des sites spontanés.
« Il y a de nombreuses explications à cette situation », a dit Mme Parker. « Il peut s’agir de la proximité de leur village d’origine ou de la composition ethnique du site ou des camps organisés. Fournir de l’aide à ces personnes constitue un véritable défi, car elles ne suivent pas les processus d’enregistrement officiels ; il est donc très difficile de se procurer un chiffre exact du nombre de déplacés ».
Christophe Beau du HCR est le coordinateur du Cluster Protection du Nord-Kivu, un réseau humanitaire ; il a suggéré que bon nombre de PDI se rendent dans les zones qu’ils connaissent, car ils n’ont pas suffisamment d’informations sur les conditions de sécurité dans les camps officiels, dont plusieurs ont été attaqués au cours des derniers mois.
« Il est important que les PDI sachent, et aussi vite que possible, où ils peuvent retrouver la sécurité, et que les autorités sachent où ces conditions de sécurité peuvent être offertes », a-t-il dit.
Le PAM essaye désormais de trouver un moyen de se rendre dans les sites spontanés. L’état des routes est plus inquiétant que la sécurité, selon un membre du personnel. Au cours des derniers mois, les travailleurs de l’agence n’ont pas été pris pour cible par les groupes armés : seule une équipe a été retenue pendant quelques heures par l’Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS), un groupe armé qui contrôle une partie de l’ouest du territoire de Masisi.
nl/rz-mg/amz
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions