Deux nouveaux camps ont été ouverts dans l’État du Nil supérieur au Soudan du Sud pour soulager les infrastructures du camp de Jamam touché par une myriade de problèmes de santé associés aux récentes inondations.
« Les conditions ici [au camp] de Gendrassa sont correctes, [mais] il y a toujours beaucoup de cas de malaria. À Jaman, il y a encore beaucoup de diarrhées. Ici, nous arrivons à contrôler cette maladie », a déclaré Sheikh Abdel-Aziz Fadul, un réfugié.
Stanlake Samkange, directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) en Afrique de l’est et centrale, prévoit un afflux supplémentaire de personnes, car les routes actuellement coupées par les inondations seront bientôt praticables.
« Il faut certainement s’attendre à l’arrivée de près de 30 000 personnes supplémentaires en 2012. Mais il y a beaucoup plus de gens que cela de l’autre côté de la frontière », a-t-il déclaré à IRIN.
Afflux
« Ma principale inquiétude est que, si ce nombre augmente considérablement, cela va accroître la difficulté de nos opérations », a-t-il ajouté.
Les forces gouvernementales soudanaises et les rebelles s’affrontent dans l’État du Nil bleu depuis septembre 2011, faisant fuir les réfugiés vers le sud.
Le nombre de nouveaux réfugiés a diminué lorsque les précipitations, qui ont débuté en avril, ont commencé à bloquer l’accès aux camps. Selon George Okoth-Obbo, directeur du bureau régional pour l’Afrique du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le nombre de réfugiés dans les camps du comté de Maban du Nil supérieur et de l’État d’Unité voisin, qui accueillent actuellement plus de 60 000 réfugiés de l’État du Sud-Kordofan au Soudan, pourrait bientôt augmenter à nouveau.
« Lorsque nous étions dans le nord à Maban pour discuter avec les réfugiés, tous nous le disaient ou nous le confirmaient… affirmant : ‘au moins la moitié de ma famille est [encore] dans le Nil bleu’, etc. », a-t-il ajouté.
Ayant prévu, avant les précipitations, un maximum de 100 000 personnes dans le Nil supérieur et dans l’État d’Unité, les Nations Unies ont dû puiser dans leurs fonds de réserve afin d’affréter des marchandises pour abriter, nourrir et soigner 170 000 personnes, tandis que le PAM a recours à des largages d’aide alimentaire coûteux.
« Nous ne pouvons pas courir le risque d’avoir des manques et les largages sont là pour combler les manques », a affirmé M. Samkange.
Au même moment, les efforts pour lever le blocage du Soudan sur l’aide à apporter aux personnes coincées dans le Sud-Kordofan ou dans le Nil bleu n’ont pas encore porté leurs fruits. « Le gouvernement de Khartoum est d’accord sur le principe de l’existence d’un accès humanitaire, mais nous sommes toujours en train d’en négocier […] les termes », a-t-il déclaré.
Maladies
Pilar Bauza, coordinatrice des secours d’urgence du HCR affirme que les réfugiés souffrent de maladies respiratoires et diarrhéiques, de malaria et de malnutrition dus aux mauvaises conditions sanitaires et alimentaires.
« Ces personnes ont marché pendant environ un mois. Ils étaient dans le Nil bleu sans système sanitaire convenable et ils sont devenus plus vulnérables en route », a-t-elle déclaré.
Alors que les organisations humanitaires disent être vigilantes pour répondre aux épidémies de choléra potentielles, les camps de Jamam, Yusif Batil et Gendrassa dans le Nil supérieur sont touchés par une épidémie d’hépatite E. La maladie est due à la consommation d’eau contaminée.
Photo: Hannah McNeish/IRIN |
Les maladies hydriques sont une menace |
Des campagnes d’éducation à la santé, une augmentation des provisions d’eau de 10 à 13 litres par jour et une baisse de la malnutrition de 40 à 33 pour cent ont amélioré la santé des réfugiés, mais il faut en faire plus.
« Il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir – ce n’est pas mission accomplie », a déclaré M. Okoth-Obbo du HCR. « Il y a toujours beaucoup à faire pour améliorer la condition des gens. Nous avons encore un taux de morbidité élevé inacceptable. Nous devons faire chuter la mortalité ».
Épuisement des ressources financières
L’autre objectif essentiel concerne l’amélioration des routes qui, après les récentes inondations, ont de nouveau étaient bloquées entre les camps de Yusif Batil et de Gendrassa.
Mais pour continuer à fournir des services de base d’ici la fin de l’année, le HCR déclare qu’il a un besoin urgent de 20 millions de dollars, puisqu’il a reçu seulement 40 pour cent de son appel de fonds de 183 millions pour la gestion des besoins humanitaires dans les camps.
Le PAM affirme qu’il a seulement reçu environ un tiers des 6 millions de dollars nécessaires pour affréter de la nourriture destinée au volume actuel de réfugiés jusqu’à la fin de l’année.
Sécurité
Parmi les problèmes rencontrés, il y a celui de la sécurité.
Le HCR a depuis longtemps essayé d’éloigner les réfugiés du camp de Yida, car il est situé trop près de la frontière. « Nous ne pensions pas que la localisation de Yida était tenable – si près de la frontière, si près de la violence », a déclaré M. Okoth-Obbo.
Les organisations humanitaires craignent également que les groupes armés n’agissent et ne recrutent les réfugiés à l’intérieur du camp dans le Nil supérieur, tandis qu’une nouvelle date limite approche pour que soit trouvé un accord entre le Soudan et le Soudan du Sud concernant la frontière qui reste en grande partie à délimiter.
« Vous pouvez entendre les tirs qui viennent d’ici, de là, de là et de là-bas », a indiqué Sheikh Abdel-Aziz Fadul, un réfugié, en pointant le doigt vers un océan de tentes dans chaque direction.
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