1. Accueil
  2. Middle East and North Africa
  3. Palestine

La barrière métallique égyptienne teste les nerfs des habitants de Gaza

A worker descends into a tunnel near Rafah, southern Gaza. Egypt has nearly finished constructing a metal wall along its border with Gaza in an attempt to stop smuggling via tunnels Suhair Karam/IRIN
Un travailleur descend dans un tunnel près de Rafah, au sud de Gaza. L’Égypte a presque terminé la construction d’un mur métallique le long de sa frontière avec Gaza pour essayer d’en finir avec la contrebande par les tunnels
L’achèvement imminent par l’Égypte de l’installation d’une barrière en acier souterraine et en surface le long de sa frontière avec la bande de Gaza met les Gazaouis sur les nerfs : comment vont-ils survivre sans l’important commerce qui passe par les tunnels ?

Un trafic de contrebande lucratif transite par les tunnels pour toute une gamme de produits depuis qu’Israël a imposé un embargo économique contre la bande de Gaza après la prise de pouvoir par le Hamas en juin 2007. La Banque mondiale et les économistes palestiniens estiment qu’au moins 80 pour cent des importations totales vers Gaza passent par les tunnels.

« Creuser des tunnels et y travailler est l’un des rares emplois disponibles pour les jeunes Gazaouis », a dit Omar Sha’ban, économiste à Gaza.

« Les personnes qui travaillent dans les tunnels gagneraient 25 dollars par jour, une somme énorme pour l’économie palestinienne actuelle. Mais ils sont exposés aux bombardements quotidiens … par les forces aériennes israéliennes, à l’effondrement des tunnels et aux incendies ».

Ziad al-Zaza, ministre de l’Économie du gouvernement du Hamas, a dit qu’environ 20 000 personnes travaillaient dans les tunnels avant l’opération militaire israélienne à Gaza, début 2009, et qu’ils ne sont maintenant plus que la moitié. L’armée israélienne a dit qu’elle avait endommagé ou détruit 60 à 70 pour cent des tunnels lors de l’offensive.

Abu Antar*, propriétaire et gérant d’un tunnel, âgé de 45 ans, a dit que fermer les tunnels entre Gaza et Rafah, en Égypte, signifierait que lui et les centaines d’autres personnes qui travaillent grâce aux tunnels n’auraient plus de revenus.

Plus sur Gaza
 Les pêcheurs de Gaza sous le feu
 A Gaza, des enfants traumatisés et hantés par des cauchemars
« Nous avons réussi à traverser la clôture égyptienne, mais maintenant, ce que nous craignons c’est que les Égyptiens l’électrifient et ajoutent des capteurs sismiques pour détecter notre présence sous terre, ce qui rendrait notre mission impossible. Les tunnels sont notre unique source de revenus », a dit à IRIN ce père de sept enfants.

La barrière en acier posée par l’Égypte fera 10 à 11 kilomètres de long et descendra jusqu’à 18 mètres sous terre, ont dit les autorités égyptiennes. Le quotidien égyptien al-Shorouq a récemment annoncé que « le chantier du mur principal était dans sa quatrième et dernière phase », après quoi des caméras et des détecteurs seront installés.

Cette opération devrait durer quelques semaines et une période d’essai devrait ensuite avoir lieu avant que l’installation ne devienne complètement opérationnelle.

Un travail dangereux

Abu Antar a dit que 50 personnes travaillaient dans son tunnel.

« Chaque jour, nous travaillons dans les tunnels et nous nous demandons si nous allons sortir vivants. La terre s’est effondrée de nombreuses fois… La mort est inévitable dans ce genre de travail. Nous avons peur 24 heures sur 24. Beaucoup de gens sont morts. Chaque mois, il y a de nouvelles victimes des bombardements aériens [israéliens] dans les tunnels », a-t-il dit.

Les accidents sont fréquents dans les tunnels. Selon l’organisation palestinienne de défense des droits humains Al-Mezan, 120 trafiquants travaillant dans les tunnels ont été tués au cours des trois dernières années.

Les personnes travaillant dans les tunnels estiment qu’il existe plus de 1 000 tunnels entre Gaza et la ville de Rafah, du côté égyptien de la frontière. Ils font de 15 à 35 mètres de profondeur et jusqu’à un kilomètre de long.

Palestine Square in Gaza City during Ramadan. Food insecurity is affecting Ramadan meals in the Gaza Strip as residents struggle to find and afford traditional Ramadan foods
Photo: Erica Silverman/IRIN
Palestine Square, à Gaza (photo d’archives). Au moins 80 pour cent des importations vers Gaza passent par les tunnels
« Une catastrophe humanitaire »


« [La construction] d’un tunnel coûte environ 200 000 dollars, alors lorsqu’ils seront détruits par les avions israéliens, ou qu’ils seront bloqués par le mur égyptien, la pauvreté et le chômage augmenteront de plus en plus », a-t-il dit. « Bloquer les tunnels entraînera une terrible catastrophe humanitaire. Tous les habitants de la bande de Gaza dépendront alors de l’aide alimentaire des Nations Unies », a dit le ministre du Hamas, M. al-Zaza.

« Nous appelons les gouvernements égyptien et israélien à désinvestir Gaza et à laisser les Palestiniens travailler sur terre et non sous terre et les Gazaouis vivre dans la dignité et la fierté », a dit M. al-Zaza.

Israël a imposé à la bande de Gaza de strictes restrictions à l’importation après la prise de pouvoir par le Hamas en 2007 et en guise de représailles après les tirs de rockets de Gaza sur Israël. L’interdiction d’importer touche tout ce qui pourrait aider le Hamas à fabriquer des armes, notamment le fer, l’acier et la plupart des matériaux de construction. Toutes les exportations sont interdites et les importations sont limitées à quelques biens humanitaires. Les articles tels que les cahiers scolaires, les bureaux, le matériel médical, les appareils ménagers et les abris montables accusent d’importants retards.

Israël a salué les efforts de l’Égypte pour combattre la contrebande. L’Égypte dit que sa sécurité était menacée par le flux croissant de biens illicites et de militants vers son territoire par les tunnels.

Israël accuse le Hamas d’utiliser les tunnels pour importer des armes, une allégation niée par le Hamas.

Lors d’une visite à Gaza, plus tôt ce mois-ci, le coordinateur des secours d’urgence des Nations Unies, John Holmes, a mis en garde contre de gros problèmes si les tunnels étaient bloqués.

« Si ces tunnels sont bloqués, si indésirables qu’ils puissent être, et aussi indésirables que puissent être leurs conséquences sur la société et l’économie de Gaza, la situation sans les tunnels serait complètement insoutenable », a dit M. Holmes. Il a renouvelé ses appels à Israël pour mettre fin au blocus du territoire palestinien.

*Nom d’emprunt

sk/ed/cb/gd/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join