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Le torchage du gaz, une pratique préjudiciable aux communautés du Delta

Selon les associations de la société civile de la région du Delta du Niger, le gouvernement détruit la santé des communautés et l’environnement du Nigeria en bafouant les lois contre le torchage du gaz, une technique utilisée dans l’exploitation du pétrole.

Pendant des décennies, la technique du torchage a été utilisée pour séparer le pétrole brut des gaz associés à son extraction ; mais hormis la Russie, le Nigeria brûle plus de gaz que n’importe quel autre pays dans le monde, bien que n’étant que le huitième producteur mondial de pétrole.

Alors que dans la plupart des pays producteurs de pétrole, les excédents de gaz sont utilisés pour produire de l’énergie, les 50 communautés de la région pétrolière du Delta du Niger ont, pendant des décennies, dû subir la présence permanente des flammes des torchères.

Selon Bari-ara Kpalap du Mouvement pour la survie du peuple ogoni, une organisation non-gouvernementale (ONG) basée dans le Delta et représentant un important groupe ethnique de la région, l’exploitation pétrolière et le torchage ont causé de graves problèmes de pollution aux communautés agricoles de la région.

« Les récoltes sont devenues très mauvaises du fait de la pollution », a-t-il expliqué, « ce qui a été préjudiciable au bien-être de ces communautés. Bon nombre de familles n’arrivent même plus à se prendre en charge ».

Toitures rouillées, sol contaminé

Les flammes des torchères contribuent à la formation de pluies acides.
« Même les toitures des maisons sont rouillées », a souligné Isaac Osuoka de l’ONG Social Action basée à Port Harcourt, la capitale de la région du Delta. « Dans les zones rurales, les feuilles de tôle sont couramment utilisées pour les toitures des maisons, mais en l’espace d’un an ou deux, elles ont complètement été détruites à cause de la corrosion ».

Une récente étude réalisée par l’Université de l’Etat d’Abia au Nigeria, et publiée dans l’African Journal of Biotechnology, a révélé que le sol, près des sites d’implantation des torchères, était beaucoup plus acide qu’un sol non contaminé. En outre, les bactéries du sol, indispensables pour l’agriculture, étaient considérablement réduites à proximité des torchères.

Bien qu’aucune étude sérieuse n’ait été faite sur l’impact du torchage sur la santé des communautés, des habitants se plaignent d’infections respiratoires, d’éruptions cutanées et de maux d’yeux provoqués par les fumées que dégagent les flammes.

« La plupart des membres de ces communautés disent être en mauvaise santé », a affirmé Anyakwee Nsirimovu, directeur exécutif de l’Institute for Human Rights and Humanitarian Law, à Port Harcourt. « Des gens continuent de mourir d’infections causées par ces torchères qui affectent tous les aspects de la vie dans ces communautés ».

Non respect des échéances

En 1979, le gouvernement du Nigeria avait adopté une loi interdisant la pratique du torchage et avait autorisé le ministère du pétrole à accorder quelques dérogations. Mais aujourd’hui, la plupart des compagnies du secteur comptent encore sur ces dérogations, ont indiqué des associations de défense des droits humains.

« Les échéances fixées pour l’arrêt de la pratique du torchage de gaz n’ont pas été assorties d’une disposition légale. Elles correspondent plus ou moins à des dates décidées d’un commun accord entre le gouvernement et les compagnies pétrolières, mais qu’ils ne respectent pas du tout »
Les compagnies pétrolières et le gouvernement nigérian ont conclu un accord prévoyant l’arrêt de la pratique du torchage en 2008 ; mais pour les défenseurs des droits humains de la région du Delta, aucune des deux parties ne semble prête à respecter cette échéance car la compagnie nationale de pétrole, qui touche 50 pour cent des revenus liés à l’exploitation du pétrole, n’a pas versé sa contribution au financement prévu pour mettre fin à la pratique du torchage.

L’échéance de 2008 avait été fixée dans le cadre d’un accord entre les compagnies pétrolières et le gouvernement, parce que les précédentes échéances de 2003 et de 2004 n’avaient pas été respectées.

« Les échéances fixées pour l’arrêt de la pratique du torchage de gaz n’ont pas été assorties d’une disposition légale. Elles correspondent plus ou moins à des dates décidées d’un commun accord entre le gouvernement et les compagnies pétrolières, mais qu’ils ne respectent pas du tout », s’est désolé Isaac Osuoka de Social Action.

Le gouvernement nigérian a fait savoir qu’il pourrait imposer des sanctions sévères à l’encontre des compagnies qui ne respecteraient pas les échéances fixées pour mettre fin à la pratique du torchage, mais ces sanctions ne s’appliqueraient pas à la compagnie nationale de pétrole. Et de l’avis de bon nombre de personnes, l’échéance sera reportée à 2010 ou à plus tard, comme l’ont demandé les compagnies pétrolières.

« Nous sommes très déçus »

« Au niveau de la société civile, nous sommes tous très déçus de la manière dont le gouvernement a traité le problème du respect de l’échéance », a indiqué Anyakwee Nsirimovu, directeur exécutif de l’Institute for Human Rights and Humanitarian Law à Port Harcourt.

« Le [torchage] aggrave et continuera d’aggraver les problèmes de la région si rien n’est fait pour mettre fin à cette pratique », a affirmé M. Nsirimovu.

Le 10 décembre, des centaines de membres de l’ethnie Ogoni, avec à leur tête des militants du Mouvement pour la survie du peuple ogoni, ont manifesté devant le siège de la compagnie pétrolière Shell, à Port Harcourt, pour protester contre la pratique du torchage et les dégâts causés à l’environnement.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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