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Comment améliorer les programmes de santé publique au Myanmar

A traditional birth attendant examines a pregnant woman using a stethoscope in Karen state Courtesy of courtesy of the Karen Department of Health and Welfare
La meilleure façon d'atténuer la crise sanitaire dans l'est du Myanmar - où les indicateurs de base sont comparables à ceux de la Somalie - est de renforcer le soutien aux systèmes de soins de santé gérés par les communautés qui, pour nombre d'entre elles, ont été en guerre contre le gouvernement central pendant des décennies.

C'est l'une des principales recommandations issues d'une enquête réalisée auprès de 6 620 ménages par le groupe de travail sur le système d'information sanitaire (Health Information System Working Group, HISWG) – un réseau de médecins et d'autres professionnels de santé. L'enquête a conclu que les maladies évitables comme la diarrhée, les infections aiguës des voies respiratoires et le paludisme contribuent aux taux de mortalité infantile et juvénile qui sont deux fois supérieurs aux taux enregistrés au niveau national.

Le taux de mortalité infantile était de 41 décès pour 1 000 naissances au Myanmar. Il était de 94,2 décès pour 1 000 naissances dans l'est du pays. Le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans était plus élevé encore – 141,9 décès pour 1 000 naissances dans l'est du pays contre 52 décès pour 1 000 naissances au niveau national.

L'enquête est à la base d'un nouveau rapport intitulé « The Long Road to Recovery ». Il met en lumière le rôle crucial joué depuis de longues années par les minorités ethniques locales – un rôle qu'elles doivent jouer – dans la prise en charge des besoins de santé élémentaires.

S'appuyer sur ce qui fonctionne déjà

Le rapport préconise de ne pas remplacer les systèmes mis en place par le gouvernement central et note : « Il est crucial de reconnaître et de renforcer le soutien international, en particulier dans cette période de transition importante, pour les organisations de santé ethniques et communautaires existantes qui ont la capacité unique d'identifier, de comprendre et de satisfaire les besoins des communautés vulnérables qui ont été marginalisées pendant des décennies ».

Le Myanmar s'est engagé dans un processus de réforme politique en 2010 et a négocié des accords de cessez-le-feu avec 14 des 16 groupes ethniques armés qui combattaient le gouvernement depuis des décennies.

Le rapport indique que les organisations locales qui ont émergé dans l'est du pays pendant les décennies de conflits ethniques ont comblé les insuffisances des programmes de santé publique mis en œuvre par le gouvernement et ont régulièrement prodigués des soins de base à près de 500 000 personnes. Soixante-dix pour cent des personnes interrogées ont dit qu'elles avaient été soignées dans ces établissements locaux au cours de l'année précédente ; seulement 8 pour cent des personnes ont indiqué s'être rendues dans des établissements publics.

Cynthia Maung, la directrice de la clinique Mae Tao, située à la frontière entre le Myanmar et la Thaïlande, et l'un des auteurs du rapport, a dit que la plus grande liberté de mouvement, obtenue grâce aux récents accords de cessez-le-feu, et le renforcement de l'aide humanitaire au Myanmar pourraient, au fil du temps, se traduire par une amélioration régulière de la situation sanitaire.

« Grâce aux accords de cessez-le-feu, il est désormais possible de proposer des services de santé dans des régions autrefois inaccessibles en raison du conflit ».

Les dividendes potentiels de la paix

D'après le rapport, les premières tendances sont encourageantes. Ainsi, plus de 70 pour cent des femmes de l'est du Myanmar ont bénéficié d'une assistance qualifiée lors de leur dernier accouchement et les taux de paludisme sont en baisse grâce à l'usage croissant des moustiquaires.

De nouvelles améliorations pourront être apportées si la paix continue dans les zones ethniques. Mais la fragilité des accords de cessez-le-feu est apparue au début du mois, quand des affrontements ont éclaté entre l'armée du Myanmar et un groupe armé connu sous le nom d'Armée de l'Alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA) dans la région du Kokang, située dans l’État de Shan, frontalier avec la Chine. Des dizaines de combattants des deux camps ont été tués au cours des dernières semaines et des milliers de civils ont été contraints de fuir vers d'autres régions du Myanmar ou de traverser la frontière.

Outre l'imprévisibilité de la situation sécuritaire à long terme, le manque de personnels de santé compétents et leur réticence à travailler dans les zones isolées dotées d'infrastructures limitées ont provoqué une restriction des services offerts par le gouvernement central.

Mais le gouvernement ne reconnaît pas officiellement les personnels de santé issus des ethnies locales et bon nombre d'entre eux ne sont pas enregistrés. Il leur est donc plus difficile d'accéder à l'aide offerte par le gouvernement ou de travailler avec les organismes de santé publique.

Les risques de ne pas prendre en compte les systèmes locaux

D'après Mme. Maung, des signes montrent que la situation évolue progressivement : les organisations ethniques et communautaires de l'est du pays sont entrés en négociation avec les représentants du ministère de la Santé.

« Nous n'en sommes qu'aux prémices et les discussions n'ont pas encore porté leurs fruits », a-t-elle dit, « nous voyons les opportunités de coordination et de coopération à venir comme essentielles à l'amélioration de la santé des habitants de l'est de la Birmanie [Myanmar] qui ont été privés de leurs droits à cause des décennies de conflit et de militarisation ».

Saw Eh Kalu Shwe Oo, responsable du Département Karen de la Santé et des Services sociaux, qui représente la minorité du même nom dans l'est du pays, a dit à IRIN que, outre le manque de services de santé publique, les habitants préféraient souvent s'adresser aux professionnels locaux de leur propre ethnie qui parlent leur langue locale et en qui ils avaient davantage confiance.

Le rapport note que le fait de ne fournir de l'aide qu'aux services de santé publique limite les possibilités d'amélioration durable de la santé publique et « risque de renforcer la méfiance entre les communautés ethniques et de compromettre les perspectives de paix durable en Birmanie ».


pm/rh/am-mg/amz  
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