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Myanmar : une réforme en dents de scie

Basara IDP camp near Sittway, Myanmar. Tuesday, Dec. 17, 2013. Recent tension in Myanmar have forced thousands of ethnic Rohingya Muslims into makeshift camps. David Longstreath/IRIN
Basara IDP camp near Sittway, Myanmar. Tuesday, Dec. 17, 2013. Recent tension in Myanmar have forced thousands of ethnic Rohingya Muslims into makeshift camps.
Les procès, les tribulations et la victoire relative récente de l’association humanitaire internationale d'aide médicale Médecins sans frontières au Myanmar sont un rappel salutaire du fait que la transition tant saluée de cette nation d’Asie du Sud-Est - du statut de dictature militaire à celui de gouvernement presque civil - ne s’est pas exactement déroulée sans accrocs. Ceux qui connaissent un minimum le Myanmar n’en ont jamais douté. L’optimisme euphorique des débuts a progressivement laissé place à un mélange d’espoir prudent teinté de frustration.

Dans un nouveau rapport publié la semaine dernière, l’Institute for Peace and Conflict Studies (IPCS) décrit 2014 comme « une année de hauts et de bas pour le Myanmar » et prédit qu’avec les élections générales prévues, « 2015 sera une année mouvementée pour le pays ».

Il est difficile de trouver à redire sur cette analyse, et le début de l’année a largement prouvé que les progrès au Myanmar se faisaient par à-coups.

De légers signes de progrès

Après 10 mois d’interruption, Médecins sans frontières-Hollande (MSF) a annoncé cette semaine avoir repris sans incident ses activités dans l’État de Rakhine. 

Le gouvernement birman avait enjoint à MSF de quitter le pays en février dernier, accusant l’organisation d’un parti-pris favorisant la minorité musulmane des Rohingyas de Rakhine.

Plusieurs dizaines de milliers de Rohingyas – à qui le gouvernement refuse le statut de citoyens du Myanmar – ont été déplacés par des affrontements les opposant aux bouddhistes, qui ont sporadiquement repris depuis 2012. L’État de Rakhine, qui tient son nom de la majorité bouddhiste Rakhine, abrite néanmoins une population musulmane non négligeable à laquelle appartient la minorité Rohingya. Ces deux dernières années, les violences intercommunautaires ont fait plus de 170 morts et détruit plus de 10 000 maisons. Ceux qui ont fui dans des camps endurent bien souvent des conditions de vie sordides. La reprise des activités de MSF à Rakhine intervient après ce que l’ONG a qualifié de « négociations compliquées » avec le gouvernement central, les autorités régionales et les dirigeants locaux.

MSF n’est pas la seule organisation à être confrontée à des difficultés d’accès l’empêchant d’apporter une réponse satisfaisante à la crise à Rakhine. « La situation humanitaire reste absolument désastreuse pour bien trop de gens », a conclu John Ging, le directeur des opérations du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) après une visite de deux jours sur place en septembre dernier

Peut-être la victoire de MSF est-elle annonciatrice d’améliorations ?

Dans sa réponse écrite aux questions d’IRIN, la conseillère stratégique de MSF au Myanmar, Martine Flokstra, a clairement indiqué que l’organisation était désormais en mesure d’apporter une aide médicale aux deux communautés de l’État de Rakhine. Mais MSF exhorte le gouvernement à aller plus loin.

« Bien que nous saluions les progrès enregistrés jusqu’à présent dans la renégociation de l’accès à ces populations privées de l’assistance médicale dont elles ont besoin, il convient de souligner que notre marge de manœuvre reste plus réduite qu’autrefois (avant février 2014) », a dit Mme Flokstra. « Pendant ce temps, de nombreuses personnes n’ont toujours pas accès aux soins médicaux dont elles ont urgemment besoin. »

Violentes critiques et reculs

L’ambiance propice à un débat fructueux sur le rôle des organisations internationales d’aide humanitaire au Myanmar en général, et à Rakhine en particulier, a toutefois été viciée après qu’un moine bouddhiste controversé a adressé des remarques sexistes à une envoyée spéciale des Nations Unies [le 22 janvier]. Ashin Wirathu, un fervent nationaliste, a traité l’envoyée sud-coréenne Yanghee Lee de « pute » et de « salope » pour avoir publiquement évoqué la discrimination dont les Rohingyas font l’objet. Sommé de régler l’incident, le gouvernement est très réticent à sanctionner M. Wirathu, car il rallie de nombreux partisans.

En attendant, les autres tensions ethniques ne se portent guère mieux. Les espoirs de paix sont extrêmement faibles dans l’État de Kachin, dans le nord du pays, théâtre de nombreux conflits ethniques parmi les plus inextricables du Myanmar. Le gouvernement a tenté de ficeler un accord de paix d’envergure nationale englobant tous les groupes afin de mettre fin à soixante ans de volatilité. Mais les chances de succès semblent minces, alors que des élections se tiennent cette année. 

La perspective de nouvelles réformes politiques est tout aussi improbable, compte tenu des récentes déclarations de l’armée indiquant clairement ce que tout le monde supposait, à savoir qu’elle n’est pas le moins disposée du monde à céder un iota de son pouvoir et de son influence, considérables.

 La semaine a été riche en événements. Et il semblerait déjà qu’il soit peu de dire que 2015 sera une année mouvementée pour le Myanmar.

rh/ha-xq/amz
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