Dans le comté d’Aweil North au Soudan du Sud, où quelque 30 000 personnes sont déplacées, les besoins humanitaires qui perdurent sont loin d’être couverts.
« Nous ne recevons actuellement aucune aide, car nous sommes dans une zone tampon ; il est très difficile pour les organisations humanitaires d’opérer ici », a déclaré à IRIN Luka Akon Deng Lual, chef communautaire.
Aweil North se trouve dans la zone dite des « 14 miles », un territoire prétendument démilitarisé entre le Soudan du Sud et le Soudan.
Plus de trois ans après l’indépendance du Soudan du Sud, la frontière entre les deux pays est toujours contestée. En 2012, Kiir Adem, l’une des principales villes d’Aweil North, a subi des bombardements aériens, ce qui a poussé de nombreuses personnes à quitter leur maison.
Comme d’autres personnes qui ont fui le conflit au Sud-Kordofan et au Darfour (deux régions du Soudan), les déplacés vivent dans des camps de fortune installés le long du fleuve Kiir (connu sous le nom de Bahr al-Arab en arabe).
La présence d’eau potable et d’installations sanitaires convenables est rare. L’éducation et les soins de santé adaptés sont presque inexistants. Les récoltes de cette année seront probablement très mauvaises, à cause des précipitations irrégulières de la seconde moitié de l’année 2014.
« La population a besoin de voir une amélioration, mais ce n’est pas le cas. Au lieu de cela, les conditions humanitaires se détériorent. La situation est déjà très grave et elle devrait encore empirer », a déclaré Albert Stern, de l’organisation caritative médicale Médecins Sans Frontières qui dirige l’un des rares centres de santé de la région.
Chaque semaine, le dispensaire accueille environ 1 500 patients. Certains doivent parcourir plusieurs kilomètres à pied, et nombre d’entre eux sont dans un état critique. Mais beaucoup arrivent trop tard pour recevoir les soins dont ils ont besoin.
Dans une petite hutte non loin du fleuve, Aciriin Deng, 27 ans, est étendue sur une paillasse. Elle est enceinte de plusieurs mois et s’inquiète pour son enfant à naître.
« Je ne le sens plus bouger du tout depuis hier », a-t-elle dit.
La veille, elle faisait la queue devant l’unique puits de forage du village. Il y a eu une bousculade sous le soleil brûlant ; tout le monde se pressait et se poussait pour prendre de l’eau. Aciriin est tombée par terre après avoir reçu un coup de pied dans le dos.
Comme elle habite loin d’un établissement de santé, elle ne peut que prier pour que son bébé n’ait rien. Même si elle capable de supporter le voyage de plusieurs heures sur une route cahoteuse à l’arrière d’une moto, Aciriin n’a de toute façon pas d’argent pour payer le transport.
« Plusieurs femmes ont perdu leur bébé à cause d’un accident pendant la grossesse. Nous avons besoin de services de santé, mais il n’y en a aucun », a-t-elle affirmé.
Son mari est parti chercher du travail au Soudan afin de faire vivre sa famille.
« Je m’inquiète pour lui, car je n’ai eu aucune nouvelle depuis qu’il est parti il y a six mois », a dit Aciriin.
Pendant les tout premiers mois de la dernière guerre civile au Soudan du Sud qui a éclaté en décembre 2013, cette partie du pays était en paix.
Mais d’après un récent rapport du Small Arms Survey, un groupe de recherche basé à Genève, le début de la saison sèche aggrave le risque que le territoire se transforme en ligne d’affrontement entre les forces gouvernementales et l’opposition armée.
Voir le film documentaire.
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