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Le Pakistan confronté aux risques sanitaires post-inondation

Bashir Ahmed (right) and his brother Mohammad Shafia lost everything in Pakistan's floods. Over 2.5 million people have been affected since heavy rains began in early September. Andrew Goss/IRIN
Avec la décrue des eaux, suite aux inondations qui ont affecté plus de 2,5 millions de Pakistanais, des milliers de communautés sont exposées aux maladies à transmission hydrique et vectorielle, et les experts de la santé alertent des risques d’une nouvelle crise.

Dans son dernier rapport sur les inondations au Pakistan, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) relève un risque élevé d’épidémie de dengue, de paludisme et même de choléra chez les milliers de familles cernées par de grandes étendues d’eau stagnante. Le manque d’eau propre et de systèmes d’assainissement et d’hygiène, auquel viennent s’ajouter l’insécurité alimentaire et une pénurie de médicaments, ajoutent à la menace

Muhammad Fawad Khan, coordinateur des secours d’urgence et du cluster santé de l’OMS à Islamabad, a dit à IRIN : « En raison de l’eau stagnante – un lieu de couvaison idéal pour les moustiques – les risques d’une hausse des cas d’épidémie de dengue, de paludisme et de choléra sont élevés, car les sources d’eau sont contaminées ». Les premières épidémies pourraient se déclarer dans les semaines à venir, a-t-il averti.

Dans le village de Jindyana (district de Jhang, Pendjab), Bashir Ahmed a dit que ses cinq enfants souffraient de diarrhées, d’infections et de problèmes oculaires. Sa maison et ses cultures ont été emportées par les inondations, si bien qu’il dort désormais en plein air avec sa famille. « Nous avons à peine mangé depuis des jours, et je m’inquiète pour mes enfants. Mais il n’y a pas de médicaments ou de dispensaire à moins d’une journée de marche d’ici. »

2,5 millions de personnes affectées

Les dernières inondations, qui ont commencé la première semaine de septembre, sont les plus violentes qu’ait connues le pays depuis 2011. Cela faisait quarante ans que le Pendjab - le « grenier à blé » du pays – n’avait pas été aussi sévèrement touché. 

Environ 971 000 hectares de récolte sur pied ont été perdus. Plus de 350 personnes ont péri, selon les statistiques officielles, mais certains observateurs évoquent un bilan plus lourd qui ne sera connu qu’au terme d’évaluations plus détaillées. Certaines zones reculées ne sont accessibles que depuis quelques jours car de nombreuses routes sont sous l’eau, ce qui ne fait qu’entraver les efforts d’appréciation de l’étendue réelle des dégâts.

Et il est à craindre que la situation ne se détériore avant de s’apaiser, compte tenu du véritable danger d’un pic épidémique, souligne l’OMS.

Le rapport de l’OMS mentionne également une recrudescence des cas d’infection aigüe des voies respiratoires, de diarrhée et de maladies de peau, corroborée par les villageois des deux districts les plus gravement touchés du Pendjab, Hafizabad et Jhang. À peine quelques jours après les inondations, qui ont donné lieu par endroits à des crues de 3 mètres emportant des villages entiers sur leur passage, les équipes d’évaluation des situations d’urgence du Croissant-rouge pakistanais ont constaté que certains enfants souffraient de diarrhée et d’infections oculaires et présentaient les premiers symptômes de maladies de peau.

En s’enfonçant vers le sud avec la décrue, les équipes du Croissant-rouge ont rencontré des villageois n’ayant toujours pas reçu la moindre assistance plus d’une semaine après la catastrophe. Les habitants du village de Rashidpur Wala ne disposaient que de peu de nourriture et certains enfants présentaient de nets symptômes de maladies de peau et d’infection.

Muhammad Ejaz, un agriculteur originaire de Rashidpur Wala (district de Jhang), est père de trois enfants. Il a raconté que sa maison avait été gravement endommagée par les inondations, qui ont également dévasté son hectare de canne à sucre. Les champs entourant le village se trouvaient encore sous un mètre d’eau stagnante. « Vous le voyez à leurs yeux que les enfants sont malades. Ils ont de la fièvre et présentent des symptômes de maladie de peau. Nombreux sont les enfants du village à avoir la diarrhée. Je les vois s’affaiblir de jour en jour. Mais il n’y a pas de médicaments ici, et le dispensaire le plus proche se trouve à Jhang [la capitale du district], à 16 km environ », a-t-il confié à IRIN.

Les administrations nationales et locales gérent l’évacuation et les efforts de secours, et le Croissant-rouge bénéficie du soutien de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), l’une des premières organisations humanitaires internationales à être intervenue.

Appel d’urgence

L’assistance immédiate a essentiellement consisté en une série de distributions alimentaires. Depuis, l’intervention du Croissant-rouge s’est diversifiée et le FICR a lancé un appel d’urgence international en faveur d’un financement additionnel de 3 millions de dollars US pour venir en aide à plus de 227 000 personnes. L’intervention s’attachera principalement à renforcer les distributions alimentaires, l’assainissement de l’eau, la promotion de la santé et de l’hygiène, le suivi psychosocial et l’hébergement d’urgence. 

« L’appel d’urgence viendra compléter la réponse post-inondation du Croissant-rouge avec des distributions alimentaires et des services de santé, ainsi qu’avec des activités de promotion de l’hygiène. Il s’agit des besoins immédiats ayant également été identifiés par l’évaluation multisectorielle initiale rapide [MIRA, de l’anglais Multi-sector Initial Rapid Assessment] conduite par les autorités », a dit Ghorkhmaz Huzeynov, le responsable de la délégation du FICR au Pakistan.

Des ONG internationales sont également impliquées dans les activités d’urgence, en coordination avec les autorités locales compétentes, en particulier dans les régions affectées par les inondations où elles pilotaient déjà des projets. Nargis Khan, conseiller en stratégie et communication du Pakistan Humanitarian Forum (PHF - qui représente plus de 50 ONG internationales œuvrant dans tout le pays), a dit : « les ONG continuent à travailler sur le terrain, directement ou par le biais de partenaires, en fournissant une assistance d’urgence dans les provinces de Pendjab et d’Azad Jammu-et-Cachemire, dans le domaines de la sécurité alimentaire, des moyens de subsistance, de l’hébergement d’urgence, des distributions d’articles non alimentaires, de la santé, de l’assainissement de l’eau et de la promotion de l’hygiène. D’autres sont déjà prêtes, et disposées à intervenir. Une fois que le rapport MIRA aura été finalisé et approuvé par le gouvernement, les organisations collaboreront avec les autorités provinciales de gestion des catastrophes et d’autres acteurs pour contribuer aux étapes suivantes ».

Appui international

Dans le même temps, les efforts visant au renforcement d’une approche coordonnée pour répondre aux besoins immédiats et s’orienter vers un relèvement durable s’accélèrent. L’évaluation initiale des dommages causés par la mousson tardive – et des besoins immédiats – a été dévoilée par le gouvernement lors d’une réunion d’information spéciale à l’occasion de laquelle les agences internationales ont été appelées à coopérer et à soumettre leurs idées. Après la réunion, le gouvernement a exprimé sa volonté de créer un cadre d’action pour le relèvement post-inondation et a invité la communauté internationale, représentée lors du rassemblement du 3 octobre par d’importants bailleurs de fonds occidentaux, a lui soumettre ses idées.

Annette Hearns, responsable par intérim du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) des Nations Unies au Pakistan, a qualifié l’initiative du gouvernement de « démarche positive ». « Le ministre des Finances [Muhammad Ishaq Dar] a sollicité les idées de la communauté internationale pour mettre en place un mécanisme de relèvement post-inondation efficace de manière transparente », a-t-elle ajouté.

En conséquence, a ajouté Mme Hearns, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) apportera son soutien à une évaluation détaillée des besoins en matière de relèvement post-inondation, en collaboration avec des agences gouvernementales aux niveaux national et local. De leur côté, la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement financeront une évaluation des dommages et des besoins.

Bon nombre des communautés affectées par les inondations sont déjà en voie de relèvement, a-t-elle dit, et leurs besoins seront déterminants pour l’élaboration d’initiatives d’assistance en coordination avec les agences gouvernementales locales et nationales dans les semaines et les mois à venir.

ag/jd/cb-xq/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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