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Les pêcheurs de Gaza sous le feu

Sami al-Qouqa, un ancien pêcheur de 30 ans qui habite le camp de réfugiés al-Shati, dans le nord de Gaza, a perdu sa main gauche quand son bateau de pêche a été attaqué par une canonnière israélienne le 12 mars 2007. L’incident a été documenté par le Centre palestinien pour les droits humains (PCHR).

« J’étais sur mon petit bateau de pêche en eaux palestiniennes quand deux navires de guerre israéliens se sont approchés. L’un des hommes a crié : ‘Partez ou on vous tue !’ J’ai d’abord refusé, et ils ont commencé à me tirer dessus. L’un d’eux a réussi à me toucher et j’ai été sérieusement blessé à l’avant-bras et la main gauches », a dit M. al-Qouqa à IRIN.

Il a été amené à l’hôpital al-Shifa, à Gaza, où des médecins ont amputé sa main. Depuis, il n’a pas retrouvé de travail et dépend de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) pour nourrir sa femme et ses deux fils.

Selon les pêcheurs de Gaza, les restrictions toujours plus strictes en matière de lieux de pêche, les attaques fréquentes par les canonnières israéliennes et le blocus économique en place depuis 2007 obligent un nombre croissant d’entre eux à cesser leurs activités.

« Maintenant, les Israéliens tirent tout le temps et sans aucune raison. La marine israélienne continue de confisquer des équipements de pêche et de déchirer les filets des pêcheurs. Nous voulons une solution, mais nous ne savons pas comment, quoi ou quand. Combien de temps encore devrons-nous supporter cette situation ? » a dit à IRIN Muhamed Subuh al-Hissi, un membre du syndicat des pêcheurs palestiniens à Gaza.

Il a dit qu’avant la guerre qui a opposé Israël et le Hamas pendant 23 jours, début 2009, les canonnières israéliennes n’ouvraient le feu que sur les pêcheurs qui s’aventuraient au-delà de la zone tampon de trois miles. Maintenant, ils tirent même sur les bateaux qui se trouvent clairement dans cette zone.

Gazan fishermen take high risks for a meagre reward
Photo: Suhair Karam/IRIN
Les pêcheurs gazaouis prennent beaucoup de risques pour pas grand-chose
Les accords d’Oslo, une déclaration de principe signée en 1993 par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et Israël, autorisaient les pêcheurs de Gaza à s’aventurer jusqu’à 20 miles nautiques des côtes. Toutefois, depuis le début de la seconde Intifada, en 2000, la marine israélienne a imposé une limite de trois miles et l’a rigoureusement fait respecter depuis la guerre de l’an dernier. Elle affirme que cette mesure est nécessaire pour faire cesser l’introduction illégale d’armes dans la bande de Gaza.

Le point de vue israélien

« Les marines israéliens tirent sur les bateaux palestiniens qui sont soupçonnés de faire entrer illégalement des armes à Gaza et qui représentent donc une menace pour la sécurité d’Israël », a dit à IRIN Avikhay Adrii, un porte-parole de l’armée israélienne. « Certains groupes utilisent des bateaux de pêche palestiniens à des fins terroristes. La marine israélienne a la responsabilité de protéger les côtes d’Israël ».

Début février, le chef de la marine israélienne, le major général Eliezer Marom, a dit aux journalistes que des « organisations terroristes » palestiniennes « faisaient un usage cynique des pêcheurs de Gaza à des fins terroristes » suite à la découverte d’un troisième dispositif explosif caché dans un fût sur une plage israélienne. Il a ajouté que toute collaboration avec les groupes de militants palestiniens qui revendiquent la responsabilité du largage des fûts pourrait nuire à la subsistance des pêcheurs de Gaza.

« Des navires de sécurité ordinaires patrouillent la zone et leur permettent aux pêcheurs de Gaza de pêcher en toute tranquillité. Je leur demande de ne pas coopérer avec des organisations terroristes et de ne pas leur permettre d’utiliser leurs bateaux de pêche à des fins terroristes », a-t-il dit.

Le Centre palestinien pour les droits humains (PCHR) a dénombré 36 attaques de la marine israélienne visant des pêcheurs de Gaza entre le 20 janvier et le 2 décembre 2009 dans le cadre de la surveillance de la zone tampon.

Selon des témoins locaux, le dernier incident s’est produit le 22 février dernier. Des canonnières israéliennes auraient tiré sur des pêcheurs au large des côtes de Gaza, les obligeant à retourner sur le rivage. Une porte-parole de l’armée israélienne a nié qu’un tel incident se soit produit.
Diminution des prises, espoirs

A Palestinian fisherman unloads fish from boats at the port in Gaza City. Fishermen say they are catching fewer and fewer fish because of Israel's ever-tightening restrictions
Photo: Suhair Karam/IRIN
Un pêcheur palestinien décharge le poisson au port de Gaza. Les pêcheurs disent attraper de moins en moins de poisson à cause des restrictions toujours plus strictes imposées par Israël
Selon PAL-Think, un groupe de réflexion palestinien dont le siège est à Gaza, il y avait environ 6 000 pêcheurs à Gaza il y a dix ans et ils attrapaient 3 000 tonnes de poisson par an. Aujourd’hui, il n’en reste plus que quelque 3 600, et la quantité de poissons qu’ils prennent est si ridicule que certains ont décidé d’ouvrir des fermes piscicoles sur la terre ferme.

Le blocus israélien empêche également l’exportation de poisson à l’extérieur de la bande de Gaza, ce qui met encore plus en péril la subsistance des pêcheurs.

« À cause des restrictions imposées par Israël sur bande de Gaza, les pêcheurs palestiniens n’ont pas accès à beaucoup d’endroits et ne peuvent capturer beaucoup de poissons... Tous les bateaux vont donc pêcher aux mêmes endroits et il n’y a plus de poisson à Gaza », a dit à IRIN le ministre de l’Agriculture du Hamas, M. Mohamed Ramadan Agha.

Il a appelé les organisations internationales à prendre des mesures sérieuses pour protéger le gagne-pain des pêcheurs palestiniens.

Pendant ce temps, M. al-Qouqa, l’ancien pêcheur, est découragé : « Ma vie est vraiment misérable parce que je ne peux plus pêcher avec une seule main. Je vais au port pour voir mes amis pêcheurs et discuter avec eux. Je suis incapable de rester à la maison à longueur de journée ».

sk/ed/cb/gd

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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