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Le gouvernement intervient pour remédier aux conflits entre éleveurs nomades et cultivateurs

Le gouvernement fédéral a commencé à délimiter des zones réservées au pâturage dans les Etats de Katsina et de Bauchi dans le nord du Nigeria, ainsi que dans le territoire de la capitale, Abuja, afin de remédier aux affrontements souvent mortels entre les cultivateurs et les éleveurs nomades, qui se disputent les terres.

Le gouvernement prévoit de mettre en place trois réserves, qui devraient être utilisées par 15 millions d’éleveurs. Les autorités délimiteront pour cela 175 000 hectares de terres, et construiront des centres de services vétérinaires, ainsi que des installations destinées aux nomades de passage – ces mesures coûteront au total 247 millions de dollars –, a dit à IRIN Junaidu Maina, directeur de l'élevage et des services de lutte contre les ravageurs au ministère nigérian de l’Agriculture et des Ressources en Eau.

Le gouvernement a également entrepris de délimiter des routes à bétail. D’après M. Maina, une route longue de 1 400 kilomètres partira de l’Etat de Sokoto, dans le nord-ouest, pour rejoindre l’Etat d’Oyo, dans le sud-ouest, tandis qu’une autre, longue de 2 000 kilomètres, reliera l’Etat d’Adamawa, dans le nord-est, à Calabar, dans la région du delta.

« Il est devenu nécessaire de développer des réserves de pâturage et des routes à bétail, afin d’enrayer les conflits entre éleveurs et cultivateurs, qui sont liés à l’urbanisation et à la forte croissance démographique », a souligné M. Maina.

A mesure que les pâturages se réduisent, les différends se multiplient, en particulier dans le nord, pendant la saison des pluies qui dure de mai à septembre, car les troupeaux envahissent alors les champs et dévorent les cultures.

En juin, deux jours d’affrontements entre cultivateurs et nomades ont fait trois morts et provoqué des incendies dans un certain nombre de villages d’éleveurs de l’Etat de Plateau.

M. Maina a annoncé qu’une fois construites, les trois réserves de pâturage seraient gérées par une équipe composées d’éleveurs, de comités de résolution des conflits et de représentants des gouvernements locaux.

Les sources de conflits

Les tensions sont exacerbées non seulement par la croissance démographique et par l’exploitation continue des forêts pour obtenir du combustible de cuisson, mais aussi par le fait que les communautés nomades du nord se déplacent de plus en plus vers le sud, à mesure que les pâturages, autrefois verts, se désertifient, a dit à IRIN Kabiru Yammama, consultant spécialiste de l’environnement pour l’ONG (organisation non gouvernementale) Green Shield of Nations.

Un peu plus du tiers des terres qui étaient cultivables il y a 50 ans sont aujourd’hui désertifiées, dans 11 des Etats les plus septentrionaux du Nigeria : Borno, Bauchi, Gombe, Adamawa, Jigawa, Kano, Katsina, Yobe, Zamfara, Sokoto et Kebbi, a indiqué M. Yammama.

Dans le nord du Nigeria, les moyens de subsistance de quelque 15 millions d’éleveurs sont menacés, car l’accès à l’eau et au pâturage y est de plus en plus limité – en raison de pénuries liées au changement climatique – d’après M. Yammama.

Les Faits
Avril 2009 : Les autorités ont expulsé 2 000 nomades fulanis de la partie sud de l’Etat de Plateau, afin d’éviter un conflit. Cette décision était liée aux affrontements ethno-religieux de Jos en novembre 2008 entre les Musulmans (la plupart des nomades peuls) et les Chrétiens (la majorité des agriculteurs), qui ont fait 400 morts
Mai 2009 : Les autorités ont expulsé 700 éleveurs de l’Etat de Borno, dans le nord-est, pour mettre fin à des affrontements entre communautés nomades et agriculteurs locaux. Partis de l’Etat de Zamfara, les nomades avaient parcouru 1 000 kilomètres vers l’est, à la recherche de pâturages
Pour Abubakar Sadiq, professeur de sciences politiques à l’Université Ahmadu Bello, les chefs traditionnels et les autorités locales, qui contrôlent la répartition des terres en zone rurale, ont une part de responsabilité dans les conflits, car, selon lui, ils ont permis aux cultivateurs d’empiéter sur les pâturages utilisés par les nomades.
« Il suffisait que les agriculteurs paient les autorités traditionnelles ou locales pour que celles-ci leur accordent une parcelle des pâturages ; au final, il n’est plus rien resté », a dit M. Sadiq.

Le Nigeria compte officiellement 415 réserves de pâturage, mais seulement un tiers d’entre elles sont utilisées comme telles, tandis que les 270 autres sont aujourd’hui des terrains construits ou des exploitations agricoles, a indiqué M. Maina.

Muhammad Nuru, directeur d’un syndicat de nomades fulanis, la branche locale de la Myetti Allah Cattle Breeders Association of Nigeria (Association des éleveurs de bétail du Nigéria) de l’Etat de Plateau, estime que l’initiative du gouvernement est positive. « Nous pensons que cela contribuera largement à résoudre les conflits entre nomades et cultivateurs. Nous nous réjouissons de cette mesure concrète du gouvernement. »

Cependant, certains éleveurs estiment que cette action ne suffit pas, car selon eux, il faut également protéger les routes à bétail existantes. « Les gouvernements des Etats du nord doivent compléter cette initiative [du gouvernement fédéral] en réservant aux éleveurs au moins 18 kilomètres de routes à bétail », a dit à IRIN Isa Abdullahi Jabe, secrétaire de la branche locale du syndicat d’éleveurs Myetti Allah de l’Etat de Jigawa.

Depuis qu’une route à bétail de 20 kilomètres a été tracée, il y a plusieurs années, dans l’Etat de Jigawa – une zone particulièrement conflictuelle pendant longtemps –, le nombre annuel moyen d’affrontements est passé de 20 à trois en 2009, d’après Dahiru Mohammed, directeur des services d’élevage dans l’Etat de Jigawa.

Aujourd’hui, les nomades du Nigeria, du Niger, du Bénin, du Cameroun et du Sénégal profitent tous des routes à bétail de l’Etat de Jigawa, a indiqué M. Mohammed.

Problèmes agricoles

Cependant, d’après Sani Nanono, responsable à Kano de la branche locale de la All Farmers Association of Nigeria (le syndicat des agriculteurs nigérians), « de telles mesures ne peuvent être durables que si les intérêts des cultivateurs sont également pris en compte dans l’équation.
« Le sol est dégradé, les semences ont un rendement faible et les agriculteurs ont besoin de davantage de terres pour augmenter leur production. C’est ce problème qui est à l’origine de l’empiètement sur les réserves de pâturage.

« Il faut permettre aux cultivateurs de disposer des nouvelles techniques agricoles, d’avoir accès à des variétés à haut rendement ainsi qu’à d’autres outils agricoles, et les encourager, par différents moyens, à passer de l’agriculture traditionnelle de subsistance à l’agriculture moderne mécanisée », a dit M. Nanono à IRIN.

aa/aj/mw

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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