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Au Puntland, des moyens de subsistance – et des vies – sont menacés

Des pêcheurs de la région autonome autodéclarée du Puntland, dans le nord-est de la Somalie, perdent leurs moyens de subsistance et parfois même la vie à cause des navires étrangers qui envahissent les eaux somaliennes, selon un ministre.

« De plus en plus de pêcheurs du Puntland viennent nous voir pour se plaindre des navires étrangers qui détruisent leurs filets et leur refusent l’accès aux zones de pêche », a dit Mohamed Farah Aden, le ministre des Pêches du Puntland, à IRIN.

Selon lui, ces navires détruisent des moyens de subsistance. « On rapporte régulièrement des meurtres de pêcheurs somaliens. Ces gens-là ne se contentent pas de détruire leur gagne-pain, ils vont jusqu’à les tuer. »

M. Aden a indiqué que le ministère compilait actuellement les statistiques du nombre de décès dus aux attaques de navires étrangers.

Il a ajouté que les autorités du Puntland avaient soulevé la question avec les forces internationales qui patrouillent les eaux somaliennes pour lutter contre les pirates. Des forces de l’OTAN et de d’autres pays comme la Russie et l’Inde cherchent en effet à maintenir l’ordre dans la région.

Pêche illégale

[Les autorités du] Puntland ont également demandé à ce que les flottes étrangères règlent le problème de l’afflux de navires étrangers qui pratiquent la pêche illégale. « C’est la pêche illégale qui a provoqué la situation actuelle et les actes de piraterie », a-t-il indiqué.

Selon Ecoterra, une ONG qui surveille les eaux somaliennes, il existe un lien indirect entre la piraterie et la pêche illégale. De nombreux pirates proviennent à l’origine de groupes d’entraide qui cherchaient à défendre « les eaux et les ressources somaliennes en l’absence de flotte nationale et de garde-côtes ».

Par la suite, cependant, ces groupes ont commencé à être impliqués dans des litiges commerciaux et leurs membres ont été utilisés comme mercenaires. Ils ont éventuellement évolué pour devenir des bandes criminelles, a ajouté Ecoterra.

L’interprétation de Mohamed Abshir Waldo, analyste indépendant et expert de la Somalie, va encore plus loin. Il estime que la piraterie est le résultat de « la pêche illégale massive qui se pratique depuis 19 ans ».

« C’est la pêche illégale pratiquée par les navires étrangers qui a entraîné le premier conflit avec les pêcheurs somaliens, quand les étrangers sont venus braconner dans les 12 miles marins des eaux territoriales. »

M. Waldo raconte qu’il connaît des pêcheurs qui ont été renversés par un de ces bateaux. « Les sept membres de l’équipage ont été tués. On rapporte de nombreux incidents comme celui-là. De nombreux pêcheurs ont été abattus et d’autres, brûlés à l’eau bouillante. »

Toutefois, d’après un analyste de la région, basé à Nairobi, même si la pêche illégale dans les eaux somaliennes est « un problème grave et une nuisance », la piraterie n’est pas le fait des pêcheurs appauvris, mais celui « d’éminents hommes d’affaires et dirigeants politiques qui ont, au départ, introduit les ‘autorisations’ pour les bateaux de pêche étrangers comme une sorte de racket ».

Satellite image from UNOSAT of a suspected hijacked tanker at anchor off the Somali coast at Garacad, near Eyl, Puntland, September 2008. More: http://unosat.web.cern.ch/unosat/asp/prod_free.asp?id=28
Photo: UNOSAT
Image satellite d’un navire-citerne soupçonné d’avoir été détourné par les pirates, à l’ancre au large de la côte somalienne, à Garacad, près de Eyl (Puntland), septembre 2008
Selon des statistiques compilées par l’Organisation maritime internationale (OMI), en 2008, 135 navires ont été attaqués par des pirates au large de la côte somalienne. Au total, « 44 navires ont été saisis et plus de 600 marins ont été kidnappés et retenus en otage en échange d’une rançon. » La plupart de ces attaques se sont déroulées au large du Puntland.
Menace étrangère

Jama Isse, membre d’une coopérative de pêche dans la ville portuaire de Bosasso [capitale commerciale du Puntland], a indiqué à IRIN que de nombreux membres de la coopérative étaient désœuvrés à cause des attaques des navires étrangers. « Les gens ont peur d’aller à la pêche. Parfois, on nous prend pour des pirates, ou alors les gros navires de pêche foncent sur nos bateaux ou coupent nos filets. »

« Si la situation ne s’améliore pas, plusieurs d’entre nous seront forcés de rejoindre les pirates », a-t-il indiqué. « Nous n’avons pas d’autre moyen de subsistance. »

D’après Ahmed Ali Abdalla, propriétaire de plusieurs bateaux de pêche, le nombre de navires étrangers a augmenté depuis que les flottes étrangères [qui patrouillent les eaux] sont arrivées.

Selon lui, les navires étrangers se servent des forces navales comme protection et refusent aux locaux le droit de pêcher. « Ils prennent même nos filets avec tout ce qu’il y a dedans. Cela revient à nous enlever le pain de la bouche. ».

Des pêcheurs locaux se sont vu coincés entre les pirates et les flottes étrangères, « mais les pires, ce sont ceux qui pratiquent la pêche illégale », ajoute-t-il. « Certains sont armés et ont même ouvert le feu sur nous ou saisi nos bateaux. »

Pour mettre un frein à l’insécurité dans les eaux somaliennes, les analystes estiment qu’une approche intégrée et complète est nécessaire. Cette approche doit s’attaquer « non seulement à la piraterie, mais également au problème de la pêche illégale, que les pirates citent systématiquement pour justifier leurs actes. »

Les 3 330 kilomètres de côtes somaliennes comptent plusieurs sites importants de débarquement, notamment à Kismayo, Mogadiscio, Merka et Brava dans le sud, et à Eyl, Bargal, Bolimog, Las Korey, Berbera et Bosasso dans le nord. Plusieurs grandes espèces vivent dans les eaux somaliennes, notamment le thon et le maquereau, et d’autres espèces plus petites comme les sardines, les requins et les homards.

ah/mw/gd

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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