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« Le sida à Sam Ouandja, c’est pire qu’à Bangui »

Mabelle Kpawilina, 22 ans, est une exception à Sam Ouandja : elle est la seule patiente séropositive identifiée à recevoir des antirétroviraux (ARV) dans cette localité minière du nord-est de la République centrafricaine, dans une région qui affiche un taux de prévalence de 7,4 pour cent. Elle a raconté son histoire à IRIN/PlusNews.

« Je suis fille unique. Je suis née à Bangui [la capitale], et j’y ai vécu mon enfance, avec mes parents d’abord, puis seulement avec mon père, militaire, quand ma mère est décédée en 2001.

« A Bangui, j’étudiais. Je badinais [avais des relations sexuelles] aussi beaucoup avec les garçons. Au lycée, il y avait des campagnes d’information sur le sida, et j’ai commencé à me demander : ‘est-ce que la vie m’a déjà donné le VIH’ ? Grâce aux conseils donnés pendant les campagnes, en 2006, j’ai eu le courage d’aller moi-même faire le test. C’était positif. J’étais vraiment triste, j’y pensais tout le temps.

« J’étais en [classe de] seconde quand mon père est mort [en 2007]. J’étais toute seule à Bangui, sans famille, sans soutien, je ne pouvais plus continuer mes études. La seule famille qui me restait était ma grand-mère, à Sam Ouandja. J’ai entendu qu’IMC [International medical corps, l'organisation qui gère l’hôpital de Sam Ouandja] soignait les gens gratuitement là-bas, alors en janvier 2008, j’ai décidé de partir rejoindre ma grand-mère.

« En arrivant, je suis allée à l’hôpital, j’ai expliqué ma situation. Il y a beaucoup de sida dans la région, et pourtant, il n’y a aucun service [VIH/SIDA] à Sam Ouandja : pas de dépistage, pas de traitements. Mais IMC m’a aidée à refaire des examens et à rapporter des médicaments de Bangui. Grâce à eux, je prends des ARV ici depuis quelques mois.

« A Bangui, il y a beaucoup d’organisations qui travaillent sur le sida. Il y a de la sensibilisation partout, dans les lycées, sur la route, dans les bars, au marché. Mais ici, il n’y a rien, même pas une association [de personnes vivant avec le VIH].

« S’il y avait au moins une association de jeunes, on pourrait parler du sida. J’ai essayé plusieurs fois d’introduire [le sujet dans] la conversation avec des gens autour de moi, mais certains disent qu’il n’y a pas de sida. Pourtant, des gens meurent, mais quand quelqu’un tombe malade, on dit qu’il a été empoisonné par des voisins. Je voudrais faire de la sensibilisation, je parle facilement, avec les filles comme les garçons.

« A Bangui, les gens commencent à changer de comportement. Mais le sida à Sam Ouandja, c’est pire qu’à Bangui. Ici, le problème, c’est l’argent [des mines de diamants]. Les gens veulent beaucoup d’argent, et ceux qui en ont payent pour avoir [des relations sexuelles non protégées]. Il y a plus d’hommes que de femmes, à cause des mines. Il y a aussi les hommes armés [militaires et ex-rebelles] qui cherchent des filles en ville, c’est un risque.

« Pour l’instant, je vends des arachides près du marché. [Le président du Comité de gestion sanitaire de la ville] me soutient, il m’a aidée à monter ce petit commerce. Des fois, j’aide aussi ma grand-mère aux champs.

« Mais si je ne fais rien d’autre, si je ne fais même pas de sensibilisation, je préfère repartir à Bangui et essayer de reprendre mes études. Les [ARV] peuvent m’aider pendant quelques années, mais ici, il n’y a rien. Je ne peux pas rester.

« Je n’ai pas encore dit à ma grand-mère que j’étais séropositive. Elle est déjà âgée, si les gens dans le quartier le savent, c’est l’humiliation. Comme je fais de l’hypertension, je dis que c’est à cause de ça que je prends des médicaments. Mais je veux commencer à en parler, à faire des réunions pour parler aux gens du VIH, c’est pour ça qu’aujourd’hui, je témoigne ouvertement ».

ail/

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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