Alors que les experts en santé publique en Afrique du Sud ont passé une grande partie de la dernière décennie à se concentrer sur la lutte contre des maladies infectieuses telles que le VIH/SIDA et l’éradication de la malnutrition, l’émergence d’une autre crise de santé publique est passée presque inaperçue.
Des taux élevés d’obésité, qui ont fait surgir une épidémie virtuelle de maladies non transmissibles telles que le diabète et l’hypertension, commencent finalement à attirer l’attention.
Etre en surpoids entraîne de sérieux risques pour la santé : l’obésité arrive généralement la première, suivie par l’hypertension, dans la mesure où le cœur doit travailler plus dur pour pomper le sang dans toutes les parties du corps. Des responsables sanitaires ont averti que lorsque cela est accompagné d’un régime alimentaire déséquilibré, d’un manque d’exercice et du tabagisme, il peut en résulter des maladies cardiaques et du diabète.
Les femmes sont particulièrement vulnérables, représentant 56 pour cent des personnes en surpoids, les femmes noires et vivant en milieu urbain étant les plus susceptibles d’enregistrer un poids supérieur à la norme, selon une enquête démographique et sanitaire menée en 1998.
Pour Tandi Matoti-Myalo, chercheuse et diététicienne, le régime alimentaire n’est pas le seul facteur responsable du problème de plus en plus important du surpoids en Afrique du Sud.
« En Afrique du Sud, les femmes ne veulent pas perdre du poids à cause du lien entre la minceur et le sida », a-t-elle dit aux délégués de la 4ème Conférence de la Public health association of South Africa, organisée dans la ville du Cap la semaine dernière.
Dans une étude menée parmi les femmes vivant à Khayelitsha, une banlieue noire du Cap, Mme Matoti-Myalo a constaté que bien que la plupart des participants étaient en surpoids, ils ne considéraient pas cela comme un problème de santé : en fait, un tiers d’entre eux ont dit le préférer.
Quand les participants ont été mis face à des images de huit femmes, de mince à obèse, la plupart d’entre eux ont sélectionné les femmes en surpoids ou obèses comme représentant le corps idéal : les femmes minces étaient très fortement associées au VIH/SIDA.
« De gros efforts ont été fournis pour éduquer les populations sur le VIH et le sida, mais la majorité des femmes dans cette étude pensaient toujours qu’on pouvait dire si quelqu’un avait le sida ou pas rien qu’en le regardant », a noté Mme Matoti-Myalo.
Plutôt que de risquer la stigmatisation liée au VIH, les femmes de l’étude préféraient être en surpoids.
Elle a estimé que les professionnels de la santé travaillant dans ces communautés devaient être conscients qu’un régime alimentaire trop riche et un manque d’exercice n’étaient pas les seuls facteurs de risque pour l’obésité, mais qu’il fallait aussi prendre en compte les croyances et les comportements culturels. Elle a recommandé un travail d’éducation approfondi pour contrer les idées fausses sur ce que doit être le poids idéal pour être en bonne santé.
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