Le gouvernement du Malawi envisage de présenter au Parlement un projet de loi controversé, qui rendrait obligatoire le dépistage du VIH chez les femmes enceintes. Cette mesure vise à réduire la transmission du VIH de la mère à l’enfant, mais selon les opposants au projet proposé, cette loi constituerait une violation des droits de la femme.
Au Malawi, la politique actuelle consiste à soumettre à un dépistage systématique les quelque 500 000 femmes enceintes qui fréquentent les maternités du pays chaque année, à moins qu’elles ne demandent expressément à ne pas se faire dépister. Néanmoins, selon le docteur Mary Shawa, secrétaire principale en nutrition et VIH/SIDA, en octobre 2007, seules quelque 162 000 femmes enceintes s’étaient soumises au test de dépistage du VIH ; 13 pour cent d’entre elles étaient séropositives.
Sans une intervention, le risque de voir une mère séropositive transmettre le virus à son bébé se situe entre 30 et 35 pour cent, à en croire les spécialistes de la santé. Miriam Chipimo, qui dirige le service santé reproductive et VIH/SIDA d’UNICEF Malawi, a expliqué à IRIN/PlusNews que seules un peu plus de moitié des 19 120 femmes enceintes déclarées séropositives au Malawi en 2006 avaient suivi un traitement préventif.
Le Malawi est récemment passé du traitement par névirapine à dose unique à la trithérapie associant trois médicaments antirétroviraux (ARV), plus efficace et recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), pour prévenir la transmission du VIH de la mère à l’enfant ; d’après le docteur Chipimo, néanmoins, seuls 28 pour cent des 544 cliniques qui offrent des services de maternité au Malawi proposaient des services de PTME (prévention de la transmission mère-enfant) au mois de septembre de cette année. Le gouvernement espère déployer ce programme dans toutes les cliniques, d’ici à la fin de l’année 2008.
Pour Mary Shawa, ce projet de loi qui oblige les femmes enceintes à se soumettre à un dépistage VIH ne sera approuvé qu’après consultation de toutes les parties prenantes.
Le gouvernement a déjà mené une enquête auprès des Malawites des quatre coins du pays pour recueillir leurs points de vue sur le dépistage obligatoire. Selon le docteur Shawa, bon nombre des personnes interrogées étaient opposées à l’idée ; elle n’a toutefois pas pu donner de détails à ce sujet.
« Le projet de loi fera l’objet de débats au sein du cabinet et nous informerons ensuite les citoyens de toutes les conclusions tirées », a-t-elle expliqué.
D’après Izeduwa Derex-Briggs, spécialiste du VIH/SIDA au Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), l’adoption d’une telle loi constituerait une violation du droit des femmes malawites. « Une telle loi serait discriminatoire. Pourquoi cibler les femmes et non les hommes ? », s’interroge-t-elle.
Pour Seodi White, coordinatrice nationale de Women and Law in Southern Africa (Wilsa), une association de défense du droit et de l’émancipation des femmes, ce projet de loi est malheureux et rétrograde, puisqu’il implique une responsabilité de la mère dans la transmission de la maladie.
« Ce projet de loi stigmatise les femmes et le Malawi ne peut pas se permettre d’approuver une telle loi », a estimé Mme White.
Selon Aaron Sangala, ministre malawite adjoint du Développement de la femme et de l’enfant, le gouvernement débattra des questions de droits humains qui entourent le dépistage du VIH lorsque le projet de loi sera présenté au Parlement, début 2008.
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